Les travaux des premières Assises nationales de l’intelligence artificielle (IA) se sont ouverts, ce mardi, pour durer les 1er et 2 juillet 2025 à l’Université Mohammed VI polytechnique (UM6P) de Salé. Dans son allocution en vidéo à cette occasion, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a souligné que la tenue de cet événement traduisait une «volonté collective» de placer l’IA au cœur des politiques publiques. Il est surtout question de «mettre en œuvre une stratégie nationale performante et éthique au service d’un développement humain inclusif et durable», a-t-il dit.
«Si nous reconnaissons les immenses opportunités offertes par l’intelligence artificielle, nous sommes également conscients des défis qu’elle pose, notamment en matière de souveraineté numérique, de justice sociale, de protection des données et d’éthique», a ajouté Aziz Akhannouch, qui a mentionné notamment la stratégie Maroc digital 2030. Pour celle-ci, le gouvernement a alloué «un budget pouvant atteindre 11 milliards de dirhams», de manière à «insuffler un nouvel élan à l’économie numérique, à stimuler l’emploi et à soutenir les talents numériques». «Cet objectif sera atteint en formant 100 000 jeunes hommes et femmes aux métiers du numérique et en créant 240 000 emplois d’ici 2030», a affirmé le chef de l’exécutif.
De même, l’écosystème numérique national connaît un développement significatif, au sein duquel l’IA «représente un levier stratégique essentiel pour une transformation radicale de l’économie et de la société dans son ensemble», a souligné Akhannouch. Dans le secteur de la santé, cette application contribue d’ores et déjà à «une transformation fondamentale en améliorant le diagnostic précoce des maladies, en développant des méthodes de prévention, en améliorant les processus de traitement et en renforçant l’efficacité des systèmes», a-t-il déclaré.
Dans le secteur agricole, les applications de l’IA favorisent par ailleurs une meilleure gestion des ressources en eau» et permettent ainsi d’améliorer les rendements. Dans l’éducation, l’IA propose «des dispositifs pédagogiques innovants capables de réduire le décrochage scolaire et d’améliorer la qualité de l’apprentissage», a indiqué Aziz Akhannouch, tout en relativisant le discours résolument positif sur les usages de l’intelligence artificielle. Dans ce sens, il a rappelé que cet outil posait «un paradoxe majeur pour nos économies» et représentait «un défi majeur sur le marché du travail».
Pour lui, «l’enjeu de l’IA apparaît donc crucial : l’ignorer revient à gâcher des opportunités économiques prometteuses, tandis que son adoption nécessite de remodeler le marché du travail et de positionner notre pays face aux transformations rapides que connaît le monde».
L’impératif de concilier éthique et modernisation digitale
Dans un registre connexe, le chef du gouvernement a souligné «les défis éthiques», ainsi que «les risques liés à l’utilisation de l’IA» dans la falsification de l’information et la manipulation des données. «Cela menace les fondements de nos sociétés, car la diffusion rapide de contenus fabriqués et trompeurs peut avoir un impact négatif sur l’opinion publique et les valeurs fondamentales de la société», a-t-il alerté.
En l’espèce, «relever les défis posés par l’intelligence artificielle exige un effort collectif, une réflexion et une coordination communes et globales», a estimé Aziz Akhannouch. Dans ce sens, le chef du gouvernement préconise notamment d’«investir dans les ressources humaines : le talent, la recherche et la formation étant les fondements d’une IA éthique et durable».
«Nous devons donc renforcer nos systèmes éducatifs et encourager les initiatives qui préparent nos jeunes aux emplois de demain», a plaidé le chef de l’exécutif. Celui-ci a enfin appelé à «une gouvernance fondée sur la collaboration entre les gouvernements, le secteur privé, les universités et la société civile».
Initiées par le ministère de la Transition numérique et de la réforme de l’administration sous le thème «Une stratégie IA efficiente et éthique au service de notre société», ces premières Assises nationales sont marquée par la présence de responsables d’institutions publiques et du secteur privé, d’experts et de représentants d’organisations internationales, du monde académique, de la société civile et des compétences de la diaspora.
Cette première édition s’articule autour des axes représentant les domaines d’impact transformateur de l’IA au Maroc, y compris la «modernisation de l’administration, l’éducation et les nouvelles pédagogies, le sport, la santé et la médecine de précision, la smart agriculture et la production halieutique».
Il y est également question de «l’industrie X.0, la sécurité et la souveraineté, la culture et la créativité, les médias et la démocratie, la coopération internationale, la gouvernance, la confiance et l’éthique, l’innovation et les startups, ainsi que les infrastructures et les investissements».
La clôture devrait connaître la présentation des recommandations issues des travaux de cette édition inaugurale, outre la signature de protocoles d’accord.