Le centre de recherche américain Carnegie Endowment for International Peace a réalisé une analyse, commandée par les autorités marocaines. Son auteur, Alexander Kateb, a couvert d’éloges «le programme de modernisation ambitieux» ayant permis au royaume «une entrée dans les chaîne de valeur mondiales, en dépit des défis socio-économiques».
«Une vision prospective» qui «a stimulé davantage le flux des investissements directs étrangers (IDE) et mis en place une industrie axée sur l’exportation», note l’analyste.
Depuis le début du millénaire, le royaume a mis le cap sur l’Afrique subsaharienne, réussissant à se positionner «comme un connecteur mondial dans un paysage géopolitique de plus en plus multipolaire», a indiqué l’institut. Et de rappeler, dans ce sens, l’Initiative atlantique lancée, le 6 novembre 2023, par le roi Mohammed VI devant permettre aux pays du Sahel d’avoir un accès à l’océan atlantique. «Une démarche judicieuse à même de de favoriser des relations économiques durables entre vingt-trois pays situés le long de la côte atlantique de l’Afrique».
Plusieurs points de vigilance relevés
Toutefois Kateb a émis des observations, passées sous silence par l’agence MAP dans son traitement de l’analyse. «Le Maroc devra entreprendre de nouvelles réformes institutionnelles et mieux utiliser son capital humain. Les réformes en question devraient créer des conditions de concurrence équitables dans des domaines cruciaux tels que l’accès à une formation et une éducation de qualité, au financement et aux marchés publics», a-t-il recommandé.
Et de relever que «la dette publique du Maroc, y compris la dette garantie, à plus de 80% du PIB, et la dette extérieure à plus de 50% du PIB, ont toutes deux fortement augmenté en raison de la pandémie de COVID-19. Dans ce contexte, le Fonds monétaire international recommande une consolidation budgétaire pour ramener le ratio dette/PIB aux niveaux d’avant 2020. Cependant, en l’absence de réformes budgétaires qui créeraient davantage de marge de manoeuvre budgétaire, la consolidation pourrait compromettre le financement des réformes structurelles et retarder les investissements nécessaires pour soutenir la transformation de l’économie».
Alexandre Kateb a souligné que «les tensions avec l’Algérie et le conflit prolongé avec le Font Polisario au sujet du Sahara occidental se sont considérablement intensifiés depuis 2020, suite à la rupture du cessez-le-feu. Bien que le Maroc ait obtenu le soutien des États-Unis, de l’Espagne et de la France pour son plan d’autonomie du Sahara occidental, les relations diplomatiques avec l’Algérie, qui soutient le Front Polisario, sont au plus bas. Une stratégie de désescalade, couplée à une reprise des négociations, pourrait éviter une coûteuse course à l’armement qui, autrement, épuiserait les ressources budgétaires à un moment où elles sont indispensables», a-t-il observé.