Convaincus que la solidarité en temps de crise et que la contribution individuelle jouent le plus grand rôle pour faire face aux défis, tout en favorisant le renforcement des liens humains, des Marocains d’Espagne et d’ailleurs se sont mobilisés pour aider les sinistrés des inondations dans la région de Valence, la plus touchée par les effets de la tempête Dana.
Kamal Lamrini Loukili, responsable de la mosquée Al-Noor dans la municipalité valencienne de Paiporta, a déclaré à Yabiladi : «Ma famille et moi avons perdu quatre voitures. Le lieu de culte a subi d’importants dégâts. Il n’y a plus de port, ni de fenêtres. Les tapis et les équipements à l’intérieur ont été endommagés.»
Malgré les dégâts, la mosquée a servi de point d’accueil pour les associations et les bénévoles. Kamal Lamrini Loukili ajoute : «Ici, nous avons stocké les aides acheminées, notamment des denrées alimentaires, des vêtements et des couvertures. Nous avons apporté notre soutien à tous ceux qui ont frappé à notre porte, qu’ils soient marocains, espagnols ou d’une autre nationalité. Nous avons également prévu un espace pour cuisiner et distribuer des repas aux personnes dans le besoin.»
Dans ce sens, l’appel aux volontaires lancé par la mosquée a été entendu, ce qui s’est traduit par la large mobilisation de tous. Ainsi, il a été convenu d’organiser le travail de manière régulière, d’autant que la situation dans la région reste toujours difficile, selon Kamal Lamrini Loukili. Il l’explique : «Beaucoup ont perdu leur maison. Nous coordonnons les uns avec les autres accueillir des sinistrés chez nous. Les plus touchés sont les résidents des étages inférieurs.»
Une organisation exemplaire des bénévoles
Selon le responsable de mosquée, cette épreuve a prouvé la grande solidarité populaire, au-delà de toute appartenance ou origine. Par la même occasion, «les Marocains, par leurs efforts simples et efficaces, ont pu changer certaines idées reçues à leur égard». «Nous sommes devenus très respectés ici, en peu de temps», affirme Kamal Lamrini Loukili.
Parmi les MRE qui ont souhaité venir en aide aux sinistrés, certains sont venus de loin. C’est le cas de Bouamama Koulali Kasouri, qui a fait un long voyage depuis Crevillent, à 180 kilomètres de Valence. Membre de la Coordination générale des marocains en Espagne (Coordinadora General de Marroquíes en España), il a déclaré à Yabiladi s’être rendu sur place «le quatrième jour de la catastrophe», animé par «le devoir d’agir».
«Nous avons préparé deux camions chargés de toutes les denrées de base. Après, nous avons décidé de distribuer des plats chauds. Tous les deux ou trois jours, nous nous rendons dans la zone sinistrée et, pour chaque repas, nous distribuons environ 2 000 pains, en plus du petit-déjeuner, du déjeuner et des plats marocains comme le msemen et la harcha», nous dit-il.
«La nourriture que nous avons distribuée a été préparée avec l’aide des restaurants marocains de la région, qui se sont portés volontaires pour fournir des plats préparés. Nous achetons la viande et les autres ingrédients nécessaires, puis les restaurants se chargent de la préparation et de la cuisine.»
Bouamama Koulali Kasouri
Parmi les MRE, les femmes marocaines se sont portées volontaires, surtout pour aider à la cuisine. «La solidarité marocaine est devenue familière ici. Les Espagnols savent que nous prenons toujours l’initiative en cas de besoin. Par exemple, pendant la pandémie de Covid-19, nous avons été la première association à distribuer 100 000 masques», a-t-il fait savoir.
La solidarité de la communauté marocaine a été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par les Espagnols. Bouamama a déclaré : «Lorsque nous avons frappé aux portes pour distribuer de la nourriture, certains étaient émus, ou surpris qu’un Marocain soit celui qui leur propose de l’aide. Même les personnes qui avaient une image négative sur nous ont rapidement changé de perception, au vu de notre élan de solidarité.»
Des MRE bénévoles venus hors d’Espagne
En plus des Marocains d’Espagne, des MRE d’autres pays européens ont fait le déplacement, comme le militant marocain des droits humains Mohamed Ziani, résident en Allemagne. «A chaque catastrophe, nous nous assurons d’aller sur place pour apporter de l’aide. Nous sommes arrivés ici vendredi dernier», nous dit-il.
«Habituellement, dans toutes nos interventions, que ce soit lors du tremblement de terre en Turquie ou à Al Hoceïma, nous évaluons d’abord les besoins de la population touchée, en effectuant des visites sur le terrain, où nous enregistrons soigneusement les attentes, puis nous passons aux achats. C’est exactement ce que nous avons fait, une fois arrivés à Valence.»
Mohamed Ziani
«Lorsque nous achetons des produits de première nécessité, nous nous assurons de le faire auprès des commerçants touchés de la région, pour les soutenir économiquement. De plus, nous préparons et distribuons quotidiennement des repas», ajoute l’associatif.
La solidarité ne se limite pas aux Marocains. Elle concerne toutes les nationalités. Mohamed Ziani apprécie qu’après les inondations, la mobilisation volontaire «a rassemblé des personnes d’origines et de religions différentes, dans une belle image d’unité et de solidarité».