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Les îles purpuraires d’Essaouira préservées dans leur écrin naturel


Les îles purpuraires se trouvent à une centaine de mètres seulement de la ville d’Essaouira. Les touristes qui se baladent le long de la ville des Alizés ne peuvent malheureusement pas visiter cet archipel classé dans la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2001.

La plus grande île est connue sous le nom de l’île du Mogador et fait près de 26 hectares. Depuis le début des années 80, l’archipel est devenu une réserve biologique. Depuis 2005, l’ensemble des petits îlots sont classés comme zone Ramsar. Sur l’île du Mogador on peut apercevoir au loin une ancienne prison, mais aussi une mosquée, symbole des différentes périodes d’occupations.

Contacté par Yabiladi, Abdelfattah Ichkhakh, conservateur de la médina d’Essaouira et archéologue spécialiste de la période pré-islamique est revenu sur les différentes époques des îles purpuraires. Il indique qu’une partie «était occupée pendant l’antiquité à partir du VIIe siècle avant JC lors de l’époque phénicienne». Par ailleurs lors de cette période, «c’était le point le plus méridional, situé à plus de 600 km du détroit de Gibraltar ce qui en a fait un comptoir ouvert sur le monde extérieur».

Usines de pourpre

Quelques siècles plus tard, l’île de Mogador était occupée de manière «saisonnière» au Ve siècle, lors de l’époque maurétanienne. «Le roi Juba II avait installé des fabriques de pourpre, d’où le nom des îles purpuraires. La couleur pourpre était alors très prisée que ce soit en Maurétanie ou chez les Romains». De l’année 40 à la fin du IIIe siècle, lors de la période romaine, il y a eu la construction d’une grande villa dont les vestiges existent toujours. Les îles continuèrent d’être occupées jusqu’au Ve siècle puis connurent un abandon jusqu’au 19ème siècle.

L'île et l'arrière-pays d'Essaouira. /Ph. Abdelfattah IchkhakhL’île et l’arrière-pays d’Essaouira. /Ph. Abdelfattah Ichkhakh

La prison fut construite à la fin du 19ème siècle, elle a servi en tant que telle jusqu’à la période du protectorat, «après ça a servi comme zone de mise en quarantaine, réservée aux pèlerins lors de leur retour de La Mecque. Ils y restaient pendant 40 jours pour éviter tout risque d’épidémie, jusqu’à ce que l’autorité compétente décide qu’ils ne représentent plus un danger», précise le conservateur de la Médina d’Essaouira. Seul la nature a pu préserver ces différents lieux (la mosquée et la prison), «étant donné que les hommes n’ont plus le droit de fouler les lieux en plus de son inaccessibilité, tout ceci a contribué à sa préservation», ajoute notre interlocuteur.

«Le naturel a en quelque sorte préservé le culturel.»

Mohcine Alaoui, délégué provincial du tourisme à Essaouira, contacté par Yabiladi, confirme que les îles purpuraires «ne sont pas ouvertes au public». La seule exception est dans le «cadre scientifique et de recherche académique», dans ce cas-là, il faut «demander une autorisation de la province et des Eaux et forêts».

Réhabilitation des monuments ?

En collaboration avec la délégation du ministère de la Culture, une demande a été formulée «pour avoir un budget pour réhabiliter les monuments existants sur l’île». Plusieurs études ont été menées pour que «ça devienne un projet durable et maitrisable», l’une des idées qui sont en cours de réflexion selon le responsable est «de renforcer le côté animation» en proposant «des randonnées avec arrêt sur l’île durant une période spécifique de l’année». 

Monuments de l'archipel. / Ph. Abdelfattah IchkhakhMonuments de l’archipel. / Ph. Abdelfattah Ichkhakh

Les îles purpuraires sont avant tout une réserve naturelle et biologique pour préserver les oiseaux qui y trouvent refuge. Sidi Imad Cherkaoui, ornhitologue et professeur à l’université Moulay Ismaïl contacté par Yabiladi affirme que c’est «une zone considérée par Bird Life International comme zone d’importance pour la conservation des oiseaux». L’espèce la plus emblématique vivant sur l’île est le Faucon d’Eleonor «qui vient vers le mois de Mai et qui niche en été». Près de 900 couples se trouvent sur l’île, «c’est la colonie la plus dense compte tenu du nombre de couple et la surface des îles», conclut le scientifique.





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