À Paris, les députés ont approuvé, mercredi 2 juillet, par 74 voix contre 41, une mesure prévoyant de prolonger jusqu’à 210 jours le placement en centre de rétention administrative pour certains étrangers, informe l’AFP. Ce délai était limité à 90 jours, sauf pour les personnes condamnées pour terrorisme, qui pouvaient être retenues plus longtemps.
Le texte, soutenu par le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, concerne notamment les personnes visées par une interdiction administrative du territoire, celles condamnées pour des crimes graves ou considérées comme une menace pour l’ordre public.
Le débat a été ravivé par un fait divers qui, à l’époque, avait fortement marqué l’opinion publique : le meurtre d’une étudiante française, en 2024, attribué à un ressortissant marocain sous le coup d’une obligation de quitter le territoire (OQTF). Il venait de purger une peine de prison et avait été relâché d’un centre de rétention, sans que son expulsion n’ait pu aboutir. «À quelques jours près, l’administration détenait le laissez-passer consulaire», a regretté le ministre de l’Intérieur, estimant que «chaque jour est compté» dans les démarches engagées avec les pays d’origine.
De son côté, la gauche s’est fermement opposée à la mesure. Pour la députée socialiste Céline Hervieu, le problème n’est pas le temps de rétention, mais la capacité de l’État à faire exécuter les expulsions. «Qui peut croire un instant qu’il y parviendra mieux pendant les quelques mois supplémentaires ?», s’interroge-t-elle. L’écologiste Hendrik Davi a, lui, dénoncé les conditions de vie dégradées dans les centres, susceptibles d’aggraver les troubles psychiques des personnes enfermées.
Le dossier des laissez-passer consulaires, régulièrement évoqué par les autorités françaises, continue de peser sur les ressortissants marocains visés par une OQTF.