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L’épopée de Hassan II pour expulser l’occupation espagnole


Deux semaines avant le discours du roi Hassan II annonçant à son peuple la tenue de la Marche verte pour récupérer les territoires du Sahara et en expulser l’occupation espagnole, les renseignements américains ont suivi de près les actions de Rabat. Ils ont estimé que le pays se préparait à une action militaire.

Le 3 octobre 1975, une note envoyée par la CIA à Henry Kissinger, alors conseiller à la sécurité nationale américaine, a indiqué que «la présence continue de l’Espagne dans le Sahara pourrait provoquer un conflit grave». «Des combats prolongés et de lourdes pertes dans les rangs espagnols pourraient provoquer une crise politique à Madrid», poursuit-on.

Intitulé «Projets marocains d’envahir le Sahara espagnol», le document n’exclut pas «l’entrée de l’Algérie dans le conflit». En revanche, «la Mauritanie, qui revendique également le Sahara espagnol, évitera probablement toute intervention militaire».

L’échec, synonyme d’un coup d’Etat militaire à Rabat

Déclassifié le 14 septembre 2000, le document indique que le roi Hassan II mène, depuis quelque temps, «une politique à haut risque concernant le Sahara espagnol». «En août dernier, il a réaffirmé son intention d’acquérir la société espagnole Sahaya avant la fin de l’année. A ce moment-là, il a promis d’attendre un avis consultatif de la Cour internationale de justice (CIJ) concernant les revendications maroco-mauritaniennes sur le territoire, mais il a peut-être décidé d’agir plus tôt, voyant la faiblesse de l’Espagne», notent les renseignements américains.

Le document poursuit : «On craint également de plus en plus à Rabat que la décision de la Cour soit contradictoire ou défavorable au Maroc et que le rapport d’enquête de la Commission de décolonisation des Nations unies cautionne enfin l’indépendance du territoire. Il est possible que Hassan II ait conclu que l’intervention des forces armées provoquerait une médiation internationale favorable.»

L’agence a confirmé que le roi Hassan II avait le soutien de la majorité des Marocains concernant le Sahara espagnol. Pour autant «l’éventuel échec du pari militaire pourrait confronter [le Maroc] à un grave problème, le rendant vulnérable à un coup d’Etat».

«Rabat n’attend une résistance efficace que de la part d’environ 5 000 soldats espagnols au Sahara, des unités de l’armée de l’air espagnole basées aux îles Canaries et éventuellement de forces terrestres algériennes. Si les Marocains doutent que l’Algérie intervienne militairement, le Maroc l’a bien annoncé. Il existe cependant des preuves que d’autres forces arabes arrivent au pays.»

Document de la CIA

Selon l’agence, les forces arabes «affluent rapidement par voie aérienne sans être détectées». «Nous soupçonnons que la plupart des arabo-orientaux s’impliquent dans un éventuel conflit arabo-arabe avec un rôle de médiation, bien que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) puisse constituer une exception», ajoute-t-elle.

Le même document indique que le Maroc a maintenu environ un quart de son armée de plus de 55 000 soldats dans le sud, depuis le milieu de l’année 1974. Les unités sont restées sur place, malgré d’importants problèmes d’approvisionnement et moral des troupes au plus bas, vu les conditions rudimentaires. «Les Marocains seront néanmoins confrontés à d’importantes difficultés à mener et à poursuivre une attaque majeure contre les forces espagnoles ou algériennes», estime la CIA.

L’agence a souligné que si le roi Hassan II avait décidé de faire la guerre, «il aurait sérieusement mal évalué l’éventuelle riposte espagnole à l’invasion». «Bien que Madrid ne souhaite ni rester dans le Sahara, ni mener une guerre coloniale, les forces espagnoles sur place résisteront aux expulsions forcées. Dans le même temps, Madrid appellera les Nations unies à rétablir la paix et demandera le soutien de Washington», écrivent encore les renseignements américains.

Les répercussions de la guerre sur l’Espagne

La note affirme qu’au départ, un conflit armé avec le Maroc unirait la plupart des Espagnols et aiderait le régime à détourner l’attention du public des problèmes internes. Cependant, en cas de poursuite des offensives, la guerre pourrait prendre une autre dimension et diviserait les Espagnols.

Selon le document, des divisions pourraient également émerger au sein de l’armée, jusque-là élément le plus stable de la société espagnole. Le corps militaire pourrait finalement montrer «divergences sur le bien-fondé de mener une guerre dans une région» que le gouvernement madrilène «s’est déjà déclaré être prêt à abandonner», estime la CIA.

Concernant l’Algérie, favorable à l’indépendance du Sahara espagnol, elle pourrait prendre ses distances d’une intervention militaire directe. «Cependant, cela créera autant de problèmes que possible pour le Maroc. Nous attendons de l’Algérie qu’elle soutienne le Front Polisario, groupe sahraoui indépendantiste, en menant une rébellion soutenue. L’Algérie pourrait également déplacer des forces vers la frontière nord du Maroc, pour faire pression sur le roi Hassan II et renouveler son soutien aux dissidents marocains», fait savoir la note.

Et d’ajouter : «Il est presque certain que les Algériens déploieront un effort diplomatique international intense, afin de dénoncer l’agression marocaine.» Si l’Algérie intervient avec une force militaire directe, «les Marocains pourraient enregistrer un certain succès, car ils sont plus nombreux que les 4 000 à 6 000 soldats stationnés dans le sud-ouest de l’Algérie».

Cependant, «l’armée de l’air algérienne, avec environ 200 avions de combat, pourrait inverser la situation face aux 40 avions marocains. Ainsi, elle pourrait «jouer un rôle décisif en soutien aux forces terrestres, qui sont à peu près de la même taille» que celles du Maroc.

La surprise de Hassan II

Contrairement aux prévisions de la CIA, le roi Hassan II a finalement attendu l’avis de la CIJ. Le jour-même, le 16 octobre 1975, il a prononcé un discours diffusé sur la télévision nationale. Il y a annoncé la tenue d’une une Marche verte vers le Sahara.

Le 5 novembre 1975, Hassan II s’est adressé aux volontaires avec ces mots :

«Cher peuple, demain, par la volonté de dieu, tu pénètreras les frontières. Demain commencera la Marche, par la volonté divine. Demain, tu fouleras une terre qui est la tienne. Vous toucherez un sable qui est le vôtre. Vous embrasserez un territoire de votre cher pays.»

Le 9 novembre de la même année, le souverain a appelé les participants à repartir, pour entamer les négociations. Le 14 du même mois, celles-ci ont abouti à la signature de l’Accord de Madrid. En vertu de ce traité, l’Espagne a renoncé à la partition du Sahara entre le Maroc et la Mauritanie.





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