Dans son discours de Noël, mercredi 25 décembre, le roi Willem-Alexander des Pays-Bas à lancé un appel général à la paix et à la cohésion sociales. A ce titre, il a préconisé de ne pas «importer l’amertume et la haine dans nos rues». «Soyez résilients face à tout ce qui nous divise», a-t-il insisté.
«A Vlaardingen, ma femme et moi avons parlé avec un groupe de Néerlandais palestiniens. Il y a soixante ans, le premier d’entre eux est venu dans notre pays pour travailler dans une usine de margarine. Ils ont construit leur vie ici, avec leurs enfants et petits-enfants. Ils nous ont parlé de leur peur du sort des membres de leur famille dans leur pays d’origine, de leur impuissance et de leur désespoir», a déclaré le roi, au début de son discours.
S’adressant directement aux juifs et aux musulmans du pays, Willem-Alexander a appelé à la compréhension mutuelle. «Cela commence par le respect des règles de base qui s’appliquent ici aux Pays-Bas : chaque personne est égale devant la loi et la discrimination n’est pas autorisée ; nous n’utilisons pas la violence, même si nous nous sentons offensés ou mal jugés», a-t-il soutenu.
«Je dis aux juifs néerlandais qui me disent qu’ils doutent de leur avenir ici : restez ! Nous sommes ensemble. Je dis aux musulmans néerlandais : c’est aussi votre pays», a insisté Willem-Alexander. «Ici, chacun est libre de trouver du réconfort et de l’inspiration dans sa propre croyance ou philosophie de vie, chacun est libre de s’exprimer : chrétiens, juifs, musulmans, humanistes, athées», a-t-il encore souligné.
«Soyez fiers de la contribution que vous apportez à la société et sachez que vous avez une grande valeur», a déclaré le souverain.
Un rappel à l’ordre face à la banalisation du discours raciste
Ce message intervient un mois après l’exacerbation des crispations identitaires, sur fond d’émeutes et de déclarations politiques prenant à partie les musulmans du pays, particulièrement la communauté maroco-néerlandaise. Dans son discours, le roi Willem-Alexander a indiqué que «la résolution des grands problèmes mondiaux et des conflits extérieurs» ne pouvait se faire par une escalade de tensions intérieures aux Pays-Bas.
Ce discours sonne aussi comme un rappel à l’ordre à la classe politique néerlandaise, au sein de laquelle l’extrême droite a réclamé la déchéance de nationalité à l’encontre des jeunes binationaux, qu’elle met en cause dans les émeutes du mois dernier à Amsterdam.
Depuis les violences du 7 novembre entre les supporters israéliens du Maccabi Tel Aviv et les jeunes de la capitale, ceux d’origine marocaine ont été taxés d’antisémites. L’extrême droite s’est saisie du débat, en ressortant son projet politique anti-migration devant l’Hémicycle.
Au sein d’un gouvernement déjà fragile, la fracture s’est accentuée avec la démission de la ministre néerlandaise des Finances, Nora Achahbar. D’origine marocaine, l’ancienne magistrate a accusé des collègues de tenir des propos racistes de manière décomplexée.