Le Rassemblement National (RN) ne démord pas. Le parti d’extrême droite veut prendre la présidence du groupe d’amitié France-Maroc à l’Assemblée nationale. Malgré deux réunions des négociateurs ce mercredi, aucun accord sur la répartition des 19 groupes d’amitié en suspens n’a pu être entériné, renvoyant la prise de décision à janvier 2025.
Pourtant, le matin, «une explication de texte avec les présidents des groupes parlementaires a eu lieu», nous rapporte une source ayant requis l’anonymat. Certains ont exprimé leur mécontentement, expliquant que la négociation devait se faire de manière transparente et non via une entente en catimini entre Renaissance et le RN. Il a été précisé que le bureau de l’Assemblée nationale ne validerait jamais un tel accord.
Yabiladi a pris connaissance de certains détails savoureux sur le partage du gâteau à 19 parts. Dans l’accord entre Macronistes et Lepenistes, 9 groupes devaient revenir aux premiers (Liban, Israël, États-Unis, Espagne, Cambodge…), alors que le RN se voyait attribuer 3 groupes d’amitié (Pays-Bas, Turquie, Maroc). Les socialistes auraient récupéré 3 groupes, dont notamment l’Algérie, et le groupe écologiste, qui avait demandé le Maroc, aurait dû se contenter de l’Irlande. La France insoumise s’était positionnée sur le Liban, la Palestine, et le Sénégal, mais n’aurait obtenu aucun groupe parmi les 19 restants.
Un message désastreux envoyé au Maroc
En effet, le député macroniste Mathieu Lefèvre a tout fait pour que LFI n’ait pas ces groupes d’amitié avec ces 3 pays. C’est pourquoi il a négocié directement avec le RN, la semaine dernière, pour obtenir le Liban en utilisant le Maroc comme monnaie d’échange pour satisfaire l’appétit de Marine Le Pen. «Renaissance voulait faire un braquage avec ce deal», fustige notre source.
Mais cet accord montre surtout le peu d’intérêt du parti présidentiel pour le Maroc, alors même qu’Emmanuel Macron, lors de sa visite officielle à Rabat, avait insisté sur la diplomatie parlementaire comme accélérateur du rapprochement des deux pays.
Suite à la révélation du deal par Yabiladi, la semaine dernière, confirmée ensuite par Africa Intelligence et le journal Le Monde, des députés macronistes ont exprimé leur mécontentement auprès de leur négociateur, regrettant le message désastreux envoyé au Maroc. Un rétropédalage a bien été initié par Mathieu Lefèvre, ce mercredi, en se disant intéressé par la présidence du groupe France-Maroc, mais le RN, confiant, ne veut pas céder.
Si le bureau de l’AN aura in fine son mot à dire, le RN, avec le plus grand groupe de députés, ne lâchera pas si facilement la présidence d’un des groupes d’amitié les plus convoités. Les autres groupes ont jusqu’à janvier pour trouver une alternative.
Face au blocage, une solution technique existe
Face au blocage des négociations, une solution technique existe : la méthode du tourniquet. Elle consiste à choisir un pays en suivant l’ordre décroissant du poids des groupes parlementaires, et ainsi de suite. Le RN étant en position de force, il choisirait en premier, ensuite la majorité présidentielle, puis LFI… Une solution qui offrirait le choix du Maroc au RN, et qui ne conviendrait pas non plus aux députés macronistes qui pourraient voir le groupe du Liban leur échapper.