Le parquet de Nanterre a demandé, en août dernier, un procès pour viol contre l’international marocain Achraf Hakimi, vice-capitaine du Paris Saint-Germain. Dans son édition de ce 19 septembre 2025, le journal Le Monde a consacré un article au réquisitoire définitif, dans lequel le procureur Hervé Lollic fait état de «charges suffisantes». La juge d’instruction devra décider d’un non-lieu ou d’un renvoi devant une cour criminelle.
Dans la nuit du 24 au 25 février 2023 à son domicile, latéral droit aurait eu recours à des pénétrations digitales sur Amélie*, 24 ans, contre le consentement de celle-ci. Le lendemain, la jeune femme a signalé les faits au commissariat de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne). Les faits se sont déroulés dans un contexte où Achraf Hakimi a été séparé de son épouse et mère de ses deux enfants depuis un mois. Il a emménagé dans son logement de Boulogne-Billancourt, quelques jours avant l’incident signalé.
Par «peur des répercussions» sur sa vie et «crainte de la médiatisation», écrit Le Monde, Amélie* explique «préférer faire une main courante plutôt que déposer une plainte formelle». Une enquête est ouverte, bien que les faits soient niés catégoriquement par le joueur, dont la défense invoque l’hypothèse d’un chantage. Dans un récent entretien à Canal+, Achraf Hakimi a réitéré être «tranquille», tout en se disant avoir été «accusé faussement». «C’est horrible et injuste aussi. Je ne souhaite ça à personne, parce que c’est mauvais. Mais je sais que la vérité va sortir. Je n’ai rien à me reprocher», a-t-il affirmé.
Précédemment diffusés par les médias, des extraits d’échanges entre Amélie et une amie montrent que les deux personnes ont été en contact, lors du rendez-vous de la jeune femme avec Achraf Hakimi. La conversation soulève des incohérences et prend une autre tournure, en fin de soirée, lorsque la concernée a qualifié l’international de «forceur» dans les messages. Elle aurait quitté le domicile, en attendant l’arrivée de son amie qui l’a récupérée.
Le parquet se fonde sur des contradictions
C’est l’une des contradictions dans les récits des deux parties, puisque Hakimi indique être redescendu avec Amélie, pour être sûr qu’elle est montée dans le véhicule venu la chercher. De son côté, le parquet relève qu’aucun autre élément que les échanges entre les deux amies ne fait apparaître l’existence d’une «machination», au cours de l’instruction. Le magistrat se fonde notamment sur les «refus réitérés» de la jeune femme à «déposer une plainte, préalable nécessaire à tout chantage» et la «modération des accusations» portées.
«Au cours des investigations, Achraf Hakimi a nié tout attouchement, expliquant qu’ils avaient seulement échangé des baisers», rapporte Le Monde, ce vendredi. Le joueur assure avoir respecté le refus de la jeune femme d’une relation sexuelle, ayant reconnu qu’elle lui avait «clairement dit qu’il ne se passerait rien de plus ce soir-là». «Tout est faux (…) Je n’ai jamais violé personne (…) Je pense que je suis tombé dans un piège, pour m’utiliser, comme un chantage, me soutirer de l’argent», a-t-il affirmé, arguant que les deux amies «voulaient le voler».
Un autre fait qu’Achraf Hakimi «n’a pas déclaré spontanément aux enquêteurs» est lié à une autre femme, connue sur une application de rencontres. Juste avant d’accueillir Amélie* à son domicile, le joueur aurait reçu chez lui cette personne, dont il a respecté le non-consentement, un point qui a fait débat entre les avocats des deux parties. Par ailleurs, le parquet a soulevé une autre contradiction, fondée sur le témoignage de Kylan Mbappé, un des meilleurs amis et soutiens du joueur.
Dans ses propos, le capitaine de l’équipe de France a déclaré que Hakimi lui aurait affirmé avoir eu «des caresses mutuelles», sans avoir «ressenti un refus de la part de cette jeune femme». Rapportant «des attouchements pouvant correspondre à ceux décrits par la victime», selon le procureur, l’international marocain est réinterrogé sur ce point, auquel il a apporté une «explication sémantique» qui ne «saurait convaincre» le parquet.
La défense insiste sur les éléments à décharge
Mais selon l’avocate de Hakimi, Me Fanny Colin, «le témoignage de Mbappé confirme les déclarations constantes» du latéral droit. «Si le parquet, comme il le prétend désormais, n’avait pas été ‘convaincu’ par les ‘explications’ de M. Hakimi, il lui appartenait, pour lever tout doute, de demander que M. Mbappé soit réentendu. Il ne l’a pas fait», a-t-elle insisté.
La défense met en avant surtout le «caractère évolutif, imprécis et contradictoire» dans les déclarations de la partie civile, notamment les résultats de la première expertise psychologique et de la contre-expertise sur Amélie*.
Au Maroc, le Club des avocats a pointé des «atteintes substantielles aux droits procéduraux garantis dans le cadre d’un procès équitable», dont les «garanties prévues par l’article 6 §1 de la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH) et l’article préliminaire du Code de procédure pénale».