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Le quartier des Habous, bien plus qu’une carte postale


Nous sommes à Casablanca, la bruyante, la ville qui ne dort jamais et qui ne s’arrête jamais. En plein cœur de la ville blanche, il existe pourtant un endroit où un silence presque religieux l’emporte sur la frénésie environnante : le quartier des Habous.

Son architecture donne cette illusion d’une médina antique datant de plusieurs siècles. Une illusion voulue par ses édificateurs comme nous l’explique la professeure d’histoire Latifa Ben Abdelkrim : «L’édification du quartier a débuté en 1918, alors que le Maroc était sous protectorat français. Deux architectes (Auguste Cadet et Edmond Brion, ndlr) ont repris les croquis d’Albert Laprade qui s’était inspiré des autres cités du royaume pour en fournir une médina aux nouveaux arrivants.»

Le quartier a été construit à partir de 1918. / Ph. DRLe quartier a été construit à partir de 1918. / Ph. DR

En effet, la ville a toujours été un lieu très important aussi bien sur le plan économique que stratégique pour le régime en place. Peu à peu, l’immigration vers la ville n’a fait que s’accroitre avec l’arrivée d’Européens, ainsi que de familles bourgeoises du Maroc. Le quartier des Habous a alors été calqué pour satisfaire les besoins des familles Marocaines. «Sur ces 15 hectares, on trouvait toutes les composantes d’une médina à la marocaine, qui était faite par les Français dans le but de les séparer des coloniaux», nous explique Latifa Ben Abdelkrim.

Ainsi le quartier deviendra une partie essentielle pour la vie des Casablancais, où tout y était vendu. «Les Français partirent mais le quartier conserva son cachet et son importance au niveau économique, administratif et culturel, qui ne le quitteront jamais», poursuit la chercheuse.

Même après le départ des Français, le quartier a conservé son caché. / Ph. DRMême après le départ des Français, le quartier a conservé son cachet. / Ph. DR

Une carte postale

Ici, comme dans toutes les médinas marocaines, il vous est demandé d’ouvrir grand les yeux, de sentir les odeurs et de ressentir une ambiance que vous ne trouvez pas dans les quartiers environnants de la ville. Ici, l’artisanat marocain est mieux représenté que nulle part ailleurs à Casablanca. 

Abdelkader, qui dispose d’un petit magasin de 10 mètres carrés, nous fait le tour du proprio. Des objets en tout genre, des sacs en cuir, des cendriers, des tuniques marocaines et autres objets dont raffolent les touristes notamment. Cependant, Abdelkader nous confie que ce temps est révolu : «Durant les années 1970, l’activité tournait toujours à plein régime, mais désormais ce n’est plus le cas… Même les Européens ne viennent plus beaucoup.»

«Ce sont plus les Asiatiques qui viennent, pas pour acheter mais pour reprendre nos modèles et inonder nos marchés avec de la contrefaçon», accuse ce commerçant au quartier des Habous depuis plus de 40 ans. 

Abdelkader alerte enfin sur la nécessité d’une «revalorisation du quartier pour ne pas qu’il serve seulement de carte postale ou de décor cinématographique pour touristes».

Une représentation du Maroc

Autre élément indissociable du quartier : ces nombreuses libraires et papeteries qui n’ont pas jaunies. Dans l’une des plus anciennes, Dar Attakafa (Maison de culture), Mohamed Nabgha qui y travaille depuis une dizaine d’année, nous parle du «rôle de transmission culturelle qu’incarnent les établissements comme celui-ci». Une mission qui s’avère «extrêmement importante pour le quartier et pour toute la ville». 

En effet, les libraires des Habous sont nationalement connues car «ici les gens avaient l’habitude de venir pour y trouver tous les ouvrages», nous explique-t-il. Mais ce qui est le plus remarquable selon Mohamed, c’est l’ambiance envoutante du quartier disposant «d’une magie qui lui est propre». «Il est le point de rencontre de plusieurs cultures», explique-t-il.

Le quartier est «le point de rencontre de plusieurs cultures». / Ph. DRLe quartier est «le point de rencontre de plusieurs cultures». / Ph. DR

«Ce quartier est une représentation de tout le Maroc, que ça soit au niveau culturel ou religieux, et qui en même temps représente les valeurs de toute une société.»

Mohamed Nabgha

Mohamed, qui est né et qui a grandi au Habous, nous parle d’une parfaite symbiose entre «culture, religion et espace verts ayant permis de cultiver un amour pour les livres, d’élever les esprits et de chérir les moments de partage avec la communauté».

Pour toutes ces raisons et biens d’autres, «le quartier des Habous est bien plus qu’une carte postale : il représente ce que le Maroc a le mieux à offrir», conclut-il.





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