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le projet Trump qui rebat les cartes du pari Morocco Tech Hub

le projet Trump qui rebat les cartes du pari Morocco Tech Hub

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En coulisses, la Section 174, sigle austère pour un secret de Polichinelle fiscal. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2022, cette disposition du Tax Cuts and Jobs Act de 2017 (ère Trump) s’est activée pour obliger les entreprises à amortir leurs dépenses de R&D sur 5 à 15 ans, au lieu de les déduire intégralement l’année même où elles sont engagées. Du jour au lendemain, la R&D est devenue une ligne de trésorerie beaucoup plus gourmande pour les GAFAM, et plus encore pour les jeunes start-ups. La variable d’ajustement ? Le salarié, principal poste de coût : les licenciements répondent donc à une logique comptable, non technologique.

Avec un peu de recul, on constate que ces coupes se concentrent quasi exclusivement sur le sol américain, là où sont regroupés la plupart des centres R&D de la Tech US, et qu’elles visent surtout les équipes d’ingénierie, beaucoup moins les fonctions support que l’IA pourrait un jour optimiser.

Cas emblématique : Marc Benioff, patron de Salesforce, a même annoncé en 2024 la reconversion forcée d’ingénieurs en commerciaux. Une décision qui prend tout son sens quand nous tenons compte de la variable Section 174 méconnue à l’époque.

Les faux coupables : IA et télétravail

Pour le storytelling corporate, accuser l’IA ou la “sur-embauche post-COVID” est pratique : le rationnel rassure et détourne de la complexité comptable. Pourtant : IA encore embryonnaire : seuls 1 % des dirigeants sondés par McKinsey jugent leur déploiement de Gen AI “mature”. Le constat est encore plus conservateur quand nous focalisons sur le Maroc et sur nos donneurs d’ordre principaux : les européens.Télétravail déjà digéré avant 2020. Seul phénomène à noter, les nouvelles règles de subventions locales pour attirer les sièges des grands groupes américains. En effet, des Etats qui subventionnaient lourdement des entreprises ont subi l’effet du télétravail sur l’écosystème de leurs commerces de proximité. Afin de palier à la paupérisation de leurs Etats, ils exigent depuis 2 ans la présence physique des employés sur le territoire de l’Etat; on relocalise des postes d’emplois, on ne les supprime pas.

Bref : la décision politique et la compta mènent la danse, pas l’algorithme.

Impact réel & risque d’un nouvel “hiver IA”

La même enquête McKinsey indiquent que 38 % des patrons n’anticipent aucun effet net de l’IA sur leurs effectifs d’ici trois ans. Surtout, la Tech recrute toujours les profils rares (data-scientists, MLOps).

Le récit médiatique «IA = optimisation = suppressions» séduit certains CEO pour vendre les miracles de l’IA et détourner le regard sur le fond : leurs dépendances aux subventions et les avantages fiscaux.

Mais il rappelle le souvenir du rapport Lighthill (1973), qui avait gelé les budgets et plongé la recherche IA en hibernation pendant plus d’une décennie.

Un même climat anxiogène et une évaluation prématurée de l’impact de l’IA sur le terrain pourrait freiner les investissements, juste au moment où le monde a besoin de talents IA.

Ce qui pouvait être une fenêtre stratégique pour le Maroc

Oracle vient d’inaugurer à Casablanca, aux côtés du Chef du Gouvernement, un centre de R&D de 1 000 ingénieurs. Autrement dit, le Maroc n’est plus un simple relais régional : il devient l’un des pôles mondiaux de recherche d’Oracle, un acteur clé de la révolution IA en cours.

Mais cette locomotive fiscale qui tirait les budgets hors des États-Unis vient de freiner net : Le 4 juillet 2025, le président Trump a promulgué le One Big Beautiful Bill Act (OBBB), un texte emblématique qui, dit-on, a scellé son alliance avec Elon Musk.

La nouvelle Section 174A rétablit le full expensing pour la R&D effectuée sur le sol américain, tandis que les projets réalisés à l’étranger restent amortis sur quinze ans. Hélas, la variable fiscale qui pouvait pousser les CFO à regarder Casablanca s’est refermée aussi vite qu’elle s’était ouverte.

Nouveau cap : anticiper, pas subir

Le nouveau cap, c’est l’anticipation, pas la résignation. Mettons sur pied un Morocco Tech Radar, cellule de veille permanente capable de repérer, avant qu’elles ne se referment, chaque fenêtre d’opportunité : de la Section 174 (2017) au programme «OpenAI for Countries» (2025). Aussitôt détectée, déclenchons sans délai le paquet complet : incitations ciblées, montée en compétences massive, cadre légal limpide, pourquoi pasune zone spéciale, adossée à une juridiction offshore dédiée. Agiles, réactifs, nous ne subirons plus les vagues ; nous choisirons celles que nous surfons.

Par Younes Kouira, expert IA & stratégie digitale





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