Au lendemain de l’attentat qui a fait au moins 5 morts et plus de 200 blessés au marché de Noël de Magdebourg, l’Allemagne découvre le profil de l’auteur. Taleb al-Abdulmohsen est un médecin saoudien chiite, réfugié politique depuis 2006 et résident permanent depuis 2016, connu pour ses positions tranchées sur l’islam. Durant les années 1990, il s’est déclaré «athée», ce qui lui a valu une persécution dans son pays. Les enquêteurs révèlent qu’il a même basculé vers l’extrême droite, avant son passage à l’acte. Vendredi au volant de sa voiture, il a foncé à vive allure sur la foule dans la zone piétonne, avant d’être appréhendé par la police.
Le mobile de Taleb al-Abdulmohsen n’est pas encore défini, d’autant que les services ne lui connaissent pas de comportement attestant de sa radicalisation religieuse. Selon eux, il aurait agi seul. Dans ses récentes publications sur les réseaux sociaux, le mis en cause a promis notamment de «venger» les demandeurs d’asile saoudiens refusés par son pays d’accueil. Lors d’une conférence de presse, la ministre allemande de l’Intérieur, Nancy Faeser, a affirmé que le suspect était «islamophobe».
Depuis des années, le ressortissant âgé de 50 ans a donné des interviews, se faisant connaître comme une figure des exilés saoudiens. Repris par 7sur7, il a déclaré en 2019 à FAZ être «le critique de l’islam le plus agressif de l’Histoire». Se donnant pour mission de soutenir ses concitoyens «persécutés», il a avancé auprès du média allemand qu’il n’existait pas de «bon islam»
«Dans une interview accordée à la BBC la même année, il se qualifiait cette fois d’‘activiste’ qui ne pouvait pas vivre son athéisme en toute sécurité en Arabie saoudite», rappelle la même source. Cité également en 2019 par Der Spiegel, il a affirmé avoir apporté son soutien «d’autres personnes à s’échapper», et obtenir l’asile en Allemagne, ou encore en Australie.
Ses publications sont devenues de plus en plus tranchées, depuis l’été dernier. Après avoir accusé l’Allemagne de ne pas assurer une protection suffisante aux demandeurs d’asile, il a taxé le pays d’«islamiser l’Europe». Ces propos ont trouvé leur écho dans la sphère de l’extrême droite allemande, dont plusieurs membres font partie des abonnées aux comptes du mis en cause.
Sur ses pages, l’homme a commencé à partager des photomontages complotistes, ou encore «des vidéos du militant politique d’extrême droite autrichien Martin Sellner». En phase avec le parti islamophobe AfD, il a qualifié la police allemande de «promoteur de l’islamisme».
Taleb est allé jusqu’à reprocher aux autorités du pays d’accueil «des tactiques sales» qui le cibleraient à cause de son «activisme». «La gauche est folle. Nous avons besoin de l’AfD pour protéger la police d’elle-même», a-t-il notamment soutenu.