Le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Mohamed Nabil Benabdellah, a déclaré ouvertement soutenir la participation directe des Marocains du monde aux élections législatives, prévues en septembre 2026 au Maroc. Lors d’une conférence de presse pour présenter le mémorandum sur la réforme du Code général des élections, ce lundi, l’ancien ministre a déploré l’absence de la représentativité des MRE, «depuis l’adoption de la Constitution en 2011».
«Notre proposition est claire : les Marocains du monde y ont droit, comme c’est le cas au niveau du pourtour de la Méditerranée. Les ressortissants des pays voisins avec nous votent tous dans les circonscriptions de leurs pays de résidence, pour leurs élus, sauf le Maroc. Cette mesure conserne l’ensemble des pays que nous avons à l’Est, jusqu’à la fin de l’Afrique, en plus de quelques autres qui comptent un nombre important d’expatriés et qui organisent aussi le scrutin de cette manière», a plaidé Benabdellah.
Les modalités actuelles ont montré leurs limites
A ce titre, le secrétaire général du PPS a critiqué les mesures complexes qui conditionnent encore la participation des MRE. «Nos concitoyens doivent pouvoir voter dans des circonscriptions locales pour les ressortissants à l’étranger, sans avoir besoin de se déplacer jusqu’à la contrée d’origine au Maroc, ou de recourir à la procuration», a-t-il dit.
Cette position est en phase avec les termes du mémorandum du parti, qui se réfère aux dispositions constitutionnelles garantissant «les droits électoraux des Marocains résidant à l’étranger, l’égalité entre les femmes et les hommes, l’engagement de l’Etat à la réalisation de la parité entre eux, l’encouragement de l’égalité des chances dans l’accès aux fonctions électives et la nécessité pour les autorités publiques d’œuvrer pour élargir et généraliser la participation des jeunes au développement social, économique, culturel et politique du pays».
A ce titre, le mémorandum du PPS préconise de «créer des circonscriptions électorales spéciales pour les Marocains résidant à l’étranger, proportionnellement à leur répartition à l’étranger». Il recommande aussi d’«adopter la possibilité du vote électronique anticipé dans ces circonscriptions à l’étranger», en plus d’«autoriser les consulats de notre pays à l’étranger à effectuer les opérations relatives à l’inscription, le dépôt des candidatures, le vote et le décompte des voix».
Ces recommandations et les déclarations du secrétaire général du PPS font écho également aux appels d’acteurs de la société civile des Marocains résidant à l’étranger, concernant la mobilisation des partis politiques nationaux à ce sujet. Dans le cadre des principes constitutionnels, cette position traduit plus expressément la convention d’engagement scellée entre le parti et l’association Cap Sud MRE, au lendemain de la promulgation de la Constitution de 2011.
Le PJD change son fusil d’épaule
Dans le temps, le PPS a fait partie de quatre signataires de la même convention avec Cap Sud MRE, deux étant de la majorité gouvernementale et deux de l’opposition : PPS, PJD, PAM et Istiqlal. Le point principal des propositions en la matière a été «une meilleure défense des intérêts des MRE», avec la mise en œuvre des articles 16, 17, 18 et 163 du texte suprême.
Il s’agit, en d’autres termes, de la création d’un collège dédié aux MRE au sein de la Chambre des conseillers, «ou une nouvelle circonscription qui sera représentée par les 5 continents dont le nombre des représentants devra être, si possible, proportionnel au nombre de MRE dans ces régions du monde».
A la veille de cette récente déclaration du PPS affirmant l’orientation du parti en faveur d’une participation directe des MRE depuis leurs circonscriptions à l’étranger, le Parti de la justice et du développement (PJD) a exprimé un avis similaire. Dans son mémorandum, la formation islamiste a plaidé pour accorder aux MRE «le vote direct depuis les pays d’accueil», en réservant des sièges sur la liste nationale aux MRE désireux de candidater aux législatives de 2026.
Opposé en mars 2021 à cette participation, le parti a fini par revoir sa position. Le PJD recommande aussi d’attribuer des sièges supplémentaires à des candidats voulant de représenter la communauté les MRE à la Chambre des représentants. Cette année-là, un projet de loi présenté par l’Istiqlal pour la participation politique directe des MRE a été rejeté au Parlement, à quelques mois des échéances électorales du 8 septembre.