Le Maroc entretient des relations privilégiées avec les pays d’Afrique de l’Ouest depuis l’Antiquité. Ces relations se sont caractérisées par leur continuité et leur force au cours des dernières décennies et des derniers siècles.
Ainsi, dans leurs ouvrages «Les musulmans en Afrique de l’Ouest : Histoire et civilisation» (Editions Dar Al Kotob Al Ilmiyah, 2007), Mohammad Fadel Bari et Said Ibrahim Kridiyah rappellent que «lorsque la dynastie almoravide a émergé en Afrique du Nord au XIe siècle après JC, elle avait formé un fort front islamique qui s’étendait de l’Afrique de l’Ouest au Maroc et à l’Andalousie et avait un grand crédit pour la propagation de l’islam dans ces pays».
Ils affirment que les prédicateurs almoravides se sont rendus «du Sénégal à ce qui est aujourd’hui la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Niger, et sont entrés dans l’empire païen du Ghana dans la seconde moitié du XIe siècle, c’est-à-dire en l’an 1076».
Les relations ont maintenu leur dynamique aux fil des siècles, les empires et les dynasties qui se sont établis au Maroc ont été remplacés par les Zaouias et le soufisme. Ainsi, selon Abdelbaki Miftah, auteur d’un livre sur Cheikh Ahmed Al-Tijani et ses disciples, la majorité des musulmans de cette zone de l’Afrique se considèrent comme des Tijanis : 80% des Guinéens se disent être des Tijanis, contre 70% des Ivoiriens musulmans et 90% des Sénégalais.
Le Maroc et la Guinée, un accord permanent
Jusqu’à aujourd’hui, les pays d’Afrique de l’Ouest, dont la Guinée, sont parmi les alliés les plus importants du Maroc sur le continent. Les dirigeants de ce pays ont toujours entretenu des relations étroites avec les rois marocains.
Après la fin du protectorat français au Maroc et en Guinée à la fin des années 1950, les deux pays ont travaillé ensemble pour aider le reste du continent africain à se débarrasser du colonialisme. En 1961, le roi Mohammed V avait appelé à une réunion à Casablanca à laquelle ont assisté plusieurs leaders africains, comme le Malien Modibo Keita, le Guinéen Ahmed Sékou Touré, l’Egyptien Gamal Abdel Nasser, le Ghanéen Kwame Nkrumah, l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié Ier et le chef du gouvernement intérimaire algérien Farhat Abbas.
La réunion s’est conclue sur l’engagement de «travailler pour libérer les terres du colonialisme» et de renforcer «l’idée de solidarité entre tous les peuples africains» et «d’organiser la coopération économique et culturelle entre les pays du continent».
Deux ans après la conférence de Casablanca, la Charte pour la création de l’Organisation de l’unité africaine a été signée, le 26 mai 1963, en présence de 30 pays africains indépendants dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba. Le 25 mai 1963, la création de cette organisation a été officiellement annoncée.
Le portrait Mohammed V sur la monnaie guinéenne
Bien que le roi Mohammed V soit décédé en 1961, le dirigeant guinéen Ahmed Sékou Touré avait souhaité lui rendre un hommage pour rappeler son contribution dans la libération de l’Afrique. En 1981, le portrait du roi alaouite figure alors sur le papier monnaie officiel du pays.
Le site de la Banque centrale de la République de Guinée garde encore une photo de cette monnaie de deux sylis, avec le portrait du roi Mohammed V, portant une djellaba et un tarbouche.
Ces billets sont restés en circulation pendant quatre ans, avant que les décideurs de Conakry ne remplacent le syli par le franc guinéen en 1985.
Toutefois, la reconnaissance de la contribution de Mohammed V parmi les Guinéens ne diminue pas au fil des ans. En 2014, l’actuel président guinéen Alpha Condé a annoncé, à l’occasion de la visite du roi Mohammed VI dans son pays, que le Palais des Nations dans la capitale, Conakry, porterait le nom de son grand-père. Un geste de «reconnaissance du grand rôle joué par Mohammed V pour libérer et unifier l’Afrique», a-t-il déclaré.
Le soutien de la Guinée au Maroc
Aujourd’hui, la Guinée est toujours considérée comme l’un des alliés les plus importants du Maroc en Afrique. En 2016, elle a fait partie des pays ayant signé une pétition pour geler les activités du Front Polisario au sein de l’Union africaine (UA). Son président Alpha Condé a aussi joué un rôle important pour contrecarrer les plans algérien et sud-africain de bloquer l’adhésion du Maroc à l’UA, lors de la 28e session de l’organisation continentale tenue en 2017.
Le président guinéen, qui assurait la présidence tournante de l’organisation, a décidé de la position en faveur de l’adhésion du Maroc, en soulignant la nécessité pour sa délégation d’assister aux travaux du sommet, où le roi Mohammed VI a prononcé un discours lors de la session de clôture.
Immédiatement après le discours du roi Mohammed VI, le président guinéen a rappelé le rôle «important et constructif» du roi Mohammed V dans le contexte du Groupe de Casablanca, qui avait constitué la base de la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), devenue l’Union africaine.
Pour exprimer son soutien au Maroc dans le conflit du Sahara occidental, la Guinée a ouvert en janvier 2020 un consulat général dans la ville de Dakhla.