Mehdi Hijaouy, un Marocain présenté comme étant «le numéro 2» de la Direction générale des études et de la documentation (DGED), a fui le Maroc. Après un séjour en France, il a jeté l’ancre en Espagne il y a quelques mois, indique le quotidien espagnol El Confidencial.
Le média ibérique affirme que Hijaouy «a eu l’opportunité de suivre des formations de très haut niveau, au Maroc et à l’étranger. Il a également occupé des fonctions à caractère hautement sensible, lui conférant une parfaite maîtrise du milieu sécuritaire national et international, aussi bien sur le plan opérationnel que stratégique». Il aurait effectué des stages de formation notamment aux États-Unis, auprès de la CIA, et chez le Mossad israélien.
Une fois en Espagne, le Marocain a déposé une demande d’asile, rejetée par le tribunal de l’Audience nationale de Madrid. Rabat réclame son extradition, l’accusant «d’appartenance à une organisation criminelle, fraude et promotion de l’immigration clandestine», précise El Confidencial.
La défense de Hijaouy estime qu’une extradition vers le Maroc mettrait la vie de son client en danger, assurant, pour appuyer sa thèse, que le Marocain aurait livré des secrets sensibles sur le royaume aux agents du Centre National d’Intelligence (CNI, contrespionnage espagnol).
Ce feuilleton d’espionnage a connu ces dernières semaines un nouveau rebondissement. Le Marocain a disparu. Il ne se présente plus devant les autorités policières espagnoles, comme l’avait exigé le tribunal de l’Audience nationale de Madrid. Or El Confidencial souligne que Hijaouy est sous la protection du CNI.
Un «numéro 2» de la DGED peu discrêt
Une source sécuritaire marocaine a confié à Yabiladi que Mehdi serait effectivement caché dans la banlieue de Madrid. Néanmoins, elle apporte une version différente de celle donnée par le quotidien espagnol.
Hijaoui est le fondateur du think-tank le «Washington Strategic Intelligence Center», basé aux États-Unis. Il affirme dans une brève présentation que le «WSIC agit dans la lumière et dans l’ombre depuis 2017 au service de la Monarchie, du Royaume et de la cause nationale».
Avec cette casquette, Mehdi a publié des tribunes sur le monde des renseignements dans des médias marocains, comme Hespress, le magazine économique Challenge ou encore dans un média marocain anglophone. Une pratique médiatique peu conforme avec la discrétion des agents de la DGED. «Les agents réels du contrespionnage ne se manifestent pas de la sorte», nous précise la même source sécuritaire marocaine.
En attendant un dénouement de cette affaire, la presse algérienne et celle du Polisario en ont fait leurs choux gras. «Fuite du numéro 2 des services de renseignements marocains», a écrit Echoroukonline. «La fuite de hauts responsables marocains interroge la stabilité du régime», a noté pour sa part Ecosahraui.