Après les arrêts de la Cour de Justice de l’Union Européenne, annulant les accords de pêche et agricoles conclus en 2019 entre le Maroc et l’UE intégrant le Sahara, le ministre espagnol de l’Agriculture et de la Pêche, Luis Planas, est arrivé vendredi à Rabat. Une visite ayant pour objectif de «tourner la page» des décisions prises le 4 octobre par la CJUE, note El Pais. «Les arrêts sont derrière nous», a souligné Planas dans des déclarations à la presse. Il a aussi appelé à «la nécessité de se tourner vers l’avenir».
«Je pense que nous avons la capacité et la volonté de regarder vers l’avant et vers le haut, c’est-à-dire vers l’avenir, et c’est là que réside notre grand défi», a affirmé Planas à l’issue de ses entretiens avec son homologue marocain, Ahmed Bouari, fraîchement nommé à ce poste le mercredi 23 octobre.
Le responsable espagnol a tenu à adresser, depuis la capitale marocaine, des messages aux parties qui continuent de célébrer le verdict de la CJUE du 4 octobre, notamment dans les camps de Tindouf, en Algérie, et dans son propre pays. «Si quelqu’un a eu l’ambition politique, en lisant ces phrases (les arrêts de la CJUE, ndlr), de tenter de mettre un terme au développement des relations étroites entre l’UE et le Maroc, ou entre l’Espagne et le Maroc, il a commis une erreur, car ces relations ne sont pas seulement basées sur le travail mais sur la confiance mutuelle et la recherche de solutions», a-t-il déclaré.
«Des solutions pour l’avenir»
Planas a affirmé, depuis Rabat, que l’Espagne et le Maroc analysent les conséquences de ces décisions «mais de manière optimiste», pour trouver des «solutions pour l’avenir» sur «une base constructive et mutuellement décidée» par l’UE et le Maroc, rapporte EFE.
«Nous pensons qu’il existe des possibilités de développer cette coopération stratégique (…). Pour chaque question posée sur la table, nous trouverons une solution concrète. Il ne s’agit pas d’une déclaration générale, mais je crois que c’est ce qu’il convient de faire dans l’immédiat (…) Nous et la Commission européenne elle-même travaillons sur cette ligne», a précisé Planas.
Les déclarations du ministre espagnol annoncent, en effet, l’entrée dans la bataille post-verdict de la CJUE. Une étape qui n’est pas sans rappeler la série de négociations entre le royaume et l’UE, ayant suivi l’arrêt de la Cour européenne du 21 décembre 2016, annulant l’accord de pêche dans les eaux du Sahara.
Elle avait alors commencé par une visite du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, le 3 mai 2017 à Madrid, et s’est conclue, le 6 février 2019, par l’échange de lettres entre l’UE et le Maroc sur la modification des protocoles n°1 et n°4 de l’accord euro-méditerranéen établissant une association entre les deux parties. Un cadre, approuvé ensuite par le Parlement européen, qui a permis le retour des pêcheurs européens -notamment Espagnols- dans les eaux sahariennes du Maroc, de juillet 2019 à juillet 2023.
Rabat et Bruxelles avaient réussi à contourner le verdict de la CJUE de décembre 2016 grâce à la consultation de la population du Sahara. Or, la Cour a souligné le 4 octobre que «les consultations effectuées par la Commission européenne et le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) ne visaient pas le peuple du Sahara occidental mais les populations qui se trouvent actuellement sur le territoire, indépendamment de leur appartenance ou non au peuple du Sahara occidental. Une partie significative de ce peuple se trouvant désormais en dehors de ce territoire, ces consultations n’étaient pas susceptibles d’établir un tel consentement de ce peuple».