Le 16 février est un jour férié (Presidents Day) où les Américains rendent hommage à leurs différents présidents. Le centre maroco-américain en a profité pour célébrer les 228 ans d’amitié entre le Maroc et les Etats-Unis, rapporte dans une tribune Ray Hanania, journaliste américain et rédacteur en chef du journal The Arab Daily News. Depuis 1977, l’homme suit de près les échanges entre les deux pays.
En effet, le Maroc et les Etats-Unis ont concrétisé leurs étroites relations en 1787, par la signature d’un «Traité d’amitié, de navigation et de commerce» permettant la levée de toute entrave à l’entrée des marchandises provenant de l’un ou de l’autre pays. L’acte était assez significatif, car en 1777, le royaume chérifien était le premier pays au monde à reconnaitre l’indépendance des Etats-Unis prononcée le 4 juillet 1776.
En pleine révolution américaine, les navires marchands américains ne pouvaient plus compter sur les accords maritimes de Grande-Bretagne avec les États côtiers d’Afrique du Nord pour le passage en toute sécurité. Mais le 20 Décembre 1777, le Sultan Sidi Mohamed du Maroc annonce qu’en signe de «reconnaissance virtuelle de l’indépendance des Etats-Unis», tous les navires américains peuvent librement entrer dans les ports marocains «pour prendre des rafraichissements et jouir des mêmes privilèges que les autres nations avec lesquelles Sa Majesté impériale est en paix».
Grâce au Maroc, les Arabo-americains ont joui d’une «tradition» administrative
Ce geste du Sultan touchera les Américains et ouvrira la porte à des relations privilégiées avec le royaume. En 1836, le «Traité d’amitié» sera reconduit. Tout cela laissera une excellente image des Arabes aux yeux des Américains, si bien que l’apport des Arabo-américains dans la gestion du pays restera comme une tradition. Jusque dans les années 1970, cela sera encore palpable. «Pendant de nombreuses années, le maire Daley a reconnu et a travaillé avec les Arabo-américains dans sa ville», se souvient Ray Hanania qui a couvert plusieurs événements de la mairie à l’époque.
«Le fils de Daley [de Chicago, ndlr], le maire Richard M. Daley, a poursuivi cette tradition de respecter le rôle des Arabo-américains au cours de ses plus de 22 années de mandat qui s’est achevé en 2011.»
Ayant exercé à Chicago pendant une quinzaine d’années, Ray Hanania dit qu’il a «vu comment les maires de Chicago ont démontré leur engagement pour la diversité et l’ouverture en renforçant leur relation avec la communauté arabo-américaine» de la ville. Cependant, la réalité serait toute autre depuis 2011, assure le journaliste. L’actuel maire, Rahm Emanuel – pourtant démocrate comme les Daley père et fils – aurait «rompu tous les liens avec les Arabo-américains». Il préférerait travailler uniquement avec les musulmans non-arabes, tout «en ignorant les nombreuses grandes contributions des Arabo-américains à la construction et au développement de Chicago en particulier, et des Etats-Unis en général, explique M. Hanania.