Le transfert du contrôle aérien du Sahara occidental de l’Espagne au Maroc a-t-il eu lieu en toute discrétion ? Entre 15 et 20 % de l’espace aérien seraient déjà sous contrôle par Rabat, selon un média espagnol. Une part obtenue par «des actions unilatérales», déplore El Independiente qui cite des «sources fiables» chez le voisin ibérique. «Le Maroc a eu recours à l’établissement de zones d’exclusion aérienne pour de prétendus exercices militaires», obtenant de facto l’autorité sur cette zone.
Un rapport d’ENAIRE (anciennement Aeropuertos Españoles y Navegación Aérea ou AENA) explique que «le Maroc, par des décisions unilatérales, a établi quatre zones dangereuses dans l’espace aérien» du Sahara. «Elles sont activées et désactivées par le Maroc, sans aucune coordination avec» la partie espagnole, en l’occurrence le Centre de contrôle du trafic aérien aux Îles Canaries, précise la même source médiatique.
Trente-deux mois après l’ouverture d’une nouvelle page dans les relations entre les deux pays, le gouvernement espagnol continue d’aborder ce sujet avec prudence, et ce malgré les nombreuses questions orales et écrites de parlementaires de l’opposition et de formations soutenant l’exécutif mais proches du Polisario.
Dans ses réponses, le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, se limite à rappeler qu’«il y a un point dans la déclaration conjointe (du 7 avril 2022, ndlr) qui est public et qui porte sur l’amélioration de la gestion et c’est ce que nous faisons». Le point 7 de la Déclaration conjointe maroco-espagnole, publiée à l’issue des entretiens à Rabat entre le roi Mohammed VI et Pedro Sanchez, annonce en effet que des «discussions concernant la gestion des espaces aériens seront engagées» entre les deux pays.