Trois ans après l’indépendance du Maroc, le ministre marocain de l’Education nationale de l’époque, Abdelkrim Benjelloun Touimi, a adressé un télégramme au Comité international olympique (CIO), l’informant de la création du Comité national olympique marocain (CNOM), sous la présidence effective du défunt roi Hassan II, alors prince héritier.
Le premier comité directeur du CNOM s’est composé de personnalités symboliques qui ont donné le caractère et la légitimité à cette nouvelle institution. Parmi eux figure Hajj Mohamed Benjelloun (premier vice-président), ainsi que Mohamed Benhima, Maati Bouabid, alors ministre marocain du Travail et affaires sociales), Omar Bouchta, Mohamed M’jid et Mohamed Ben Lahcen Tounsi, dit Père Jégo, légende du football marocain connue comme membre fondateur du Wydad.
La cinquante-cinquième session ordinaire du CIO, tenue à Munich le 25 mai 1959, a approuvé l’inclusion du Maroc à la famille olympique, en réponse à la demande adressée par le CNOM au CIO, 20 jours plus tôt. Le royaume a été intégré, au même titre que le Soudan, la Rhodésie, l’Albanie, le Nicaragua, l’Equateur, le Suriname et Saint-Marin.
Mohamed Benjelloun (1912 – 1997) aura eu un rôle majeur dans la création du Comité olympique marocain. Athlète passionné durant sa jeunesse, il a pratiqué, le football, le basket-ball, le handball et la natation. Il a également été membre fondateur du Wydad en 1937, avant de devenir le premier président de la Fédération royale marocaine de rugby, créée en 1956.
Il devient membre du CIO en 1961 à Athènes et directeur des Jeux arabes de 1961. Il rejoint également le Comité d’aide olympique (1962 – 1963) et le Comité culturel (1989-1990) du CIO.
Première participation, première médaille
Tenue dans la capitale italienne, Rome, l’édition des JO en 1960 a été marquée par la toute première participation du Maroc, représenté dans dix disciplines. La première médaille du royaume y a été remportée par Abdeslam Radi, qui a décroché l’argent au marathon.
Connu dans la course de fond, Abdeslam Radi est né le 28 février 1929 à Taounate. En service dans les rangs de l’armée française sous le Protectorat, il a passé une grande partie de sa vie à Dijon, au cinquième régiment d’infanterie marocain puis au 25e.
Durant cette période, les Français découvrent qu’il maîtrise la course de longues distances. Il est alors invité à participer à de nombreuses compétitions, ce qui lui vaut le surnom de «Star du 5 km», grâce à ses multiples médailles et consécrations. Les portes s’ouvrent à lui pour participer à plusieurs événements internationaux. Il joue sous les couleurs de la France, sans avoir le droit de représenter son pays, le Maroc, encore occupé. Après l’indépendance du royaume, en 1956, il n’a pas été en mesure de participer aux Jeux olympiques de Melbourne (Australie), tenus la même année.
En 1960, à Rome, Abdeslam Radi réalise son rêve de représenter les couleurs nationales. Sans équipements ni entraîneur, il s’y rend seul pour l’épreuve du marathon et relève le défi de remporter la première médaille olympique pour son pays.
Après 16 jours de compétition, aucun autre athlète marocain n’a réussi à monter une marche du podium olympique. Le marathonien a été le dernier espoir de tout un pays. Sur la piste, il a affronté son homologue éthiopien Abebe Bikila, dont l’entraîneur a mis en garde «au sujet d’un athlète portant le numéro 26». Courant pieds nus, Bikila est devant Radi en tête de course. L’Ethiopien s’est retourné plusieurs fois pour guetter son mystérieux rival, sans se rendre compte qu’il s’agissait bien du redoutable coureur marocain, qui a pensé à changer de numéro pour brouiller les pistes.
A 500 mètres de l’arrivée, Bikila accélère et s’assure la première place au podium de ce marathon historique. Abdeslam Radi arrive en deuxième position, offrant au Maroc nouvellement indépendant une médaille d’argent olympique, la première de son histoire. Les deux coureurs africains ont brillé avec des performances exceptionnelles à cette époque (2:15:16 pour Bikila et 2:15:17 pour Radi).
Des décennies plus tard, Abdeslam Radi a vu sa santé se dégrader. Il s’est trouvé dans la précarité, au point où son épouse «a commencé à vendre ses biens pour acheter des médicaments». Même la médaille olympique a été mise en vente, ce qui a fait réagir un club sportif, intervenu pour récupérer le sacre auprès de l’acheteur. Le 4 octobre 2000, le coureur est décédé à Fès.
Absence des podiums olympiques
Durant 24 ans, la médaille olympique d’Abdeslam Radi est restée le seul exploit national du genre. Malgré leurs nombreuses participations, les athlètes marocains n’ont pas réussi à se hisser sur le podium… jusqu’aux JO de Los Angeles en 1984. Cette année-là, Saïd Aouita et Nawal El Moutawakel ont fait sensation. Ils remportent deux médailles d’or, l’une au 5 000 mètres masculin et l’autre au 400 mètres haies féminin. Grâce à ce double exploit, le Maroc s’est classé 18e sur les 140 pays participants.
Le parcours du Maroc aux JO a été parfois agité. En 1976, à Montréal, le royaume s’était retiré du tournoi olympique. Plus de 20 pays africains et arabes ont décidé de boycotter les compétitions, en protestation contre la participation de la Nouvelle-Zélande, dont l’équipe de rugby a effectué une tournée en Afrique du Sud, alors exclue des activités internationales en raison du régime d’apartheid.
Certaines délégations ont décidé de retirer avant le début des compétitions, tandis que d’autres ont suivi dès les premières journées. C’est le cas du Maroc, attendu pour la participation de neuf athlètes, dans les deux disciplines de boxe et de lutte.
En 1980 à Moscou (URSS), les Etats-Unis et leurs alliés ont boycotté les jeux, en réponse à la guerre soviétique en Afghanistan. 65 pays n’ont pas participé, dont le Maroc.
Aux JO de 1968 à Mexico (Mexique), l’équipe du Maroc de football s’est retirée en soutien à la cause palestinienne, après que le Onze national s’est retrouvé dans le même groupe qu’Israël, aux côtés de la Hongrie et du Salvador. Les Lions de l’Atlas ont été remplacés par le Ghana.
Une participation distinguée aux JO 2024 de Paris
En 2024, le Maroc participe aux JO de Paris, du 26 juillet au 11 août. Avec une délégation de 60 athlètes dans 19 sports, le pays sera représenté dans plusieurs disciplines : football, boxe, judo, équitation, volley-ball, triathlon, tir, golf, taekwondo, cyclisme et athlétisme.
Lors des éditions précédentes, les athlètes marocains ont totalisé 24 médailles, dont 7 d’or, 5 d’argent et 12 de bronze. L’athlétisme a dominé le palmarès olympique marocain avec 20 médailles, dont 7 d’or, 5 d’argent et 8 de bronze.