C’est du moins ce qu’aurait appris, il y a un an environ, un entrepreneur textile, promoteur d’une marque de vêtements à Melilla. « Beni Ensar m’a renvoyé le conteneur lorsqu’il s’est rendu compte que la marchandise provenait de Melilla. Ils m’ont dit qu’on ne pouvait pas exporter d’une ville marocaine vers une autre ville marocaine, que c’était illégal », confie l’homme d’affaires auprès du journal El Español.
Cette situation affecte les hommes d’affaires de Melilla qui souffrent depuis août 2018 de la fermeture des douanes par le Maroc, laquelle les avait poussés à fermer leurs entreprises dans la ville autonome et à créer une nouvelle en Andalousie ou au Maroc afin de continuer à exporter vers le royaume. « Depuis la fermeture des douanes, les exportateurs de Melilla sont partis au Maroc, ou ont dû créer une entreprise ou trouver un partenaire sur le continent pour continuer à travailler », confirme Enrique Alcoba, président de la Confédération des entrepreneurs de Melilla (CEME-CEOE).
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Face à cette situation, Enrique Alcoba demande au gouvernement espagnol de défendre les intérêts de Melilla et de Sebta au Parlement européen. « Nous espérons que notre gouvernement exigera à Bruxelles que le Maroc respecte la réglementation européenne en matière de douanes commerciales, et que le régime des voyageurs soit réciproque dans les deux sens », a déclaré le responsable qui s’inquiète pour l’avenir. « Pas de douane commerciale, pas de régime des voyageurs, pas de tourisme, pas d’acheteurs du Maroc, et pour entrer à Melilla, ils exigent un visa ».
« C’est une honte. Le Maroc ne permet absolument rien. Melilla et Ceuta s’occupent des urgences sanitaires et des naissances de leurs voisins marocains depuis des décennies. Des siècles de relations de voisinage et d’échanges. Et le gouvernement espagnol est incapable de débloquer quoi que ce soit », s’indigne pour sa part Amin Azmani, député de Somos Melilla. Contactée, la délégation du gouvernement à Melilla a assuré ne pas être « au courant » de cette décision du Maroc.