« Au-delà, par sa collaboration efficace dans les domaines du judiciaire et du renseignement, le Maroc participe directement à la sécurité des États du nord de la Méditerranée, dont le nôtre. Et pourtant, alors que, le partenariat semble une évidence pragmatique, quelque chose s’est rompu depuis 2017 entre Rabat et l’Élysée. On sait la tension qui existe entre Rabat et Alger, née principalement de l’instrumentalisation par l’Algérie de la question toujours pendante à l’ONU du Sahara occidental », écrit Christophe Boutin, politologue, professeur de droit public à Caen, dans une tribune publiée par Le Journal du Dimanche. Alors que les « gouvernements de Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy maintenaient un équilibre entre un vrai partenariat avec le Maroc et des contacts souvent plus tendus avec une Algérie instable », le président français « Emmanuel Macron a cédé à toutes les demandes, symboliques ou non, d’un pouvoir algérien qui reste enfermé dans une fuite en avant victimaire et réclame notre éternelle repentance », fait-il remarquer.
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« Est-ce pour complaire à ce pouvoir dont certains semblent craindre l’effondrement ? », questionne le politologue français, rappelant que les conséquences des choix du président français : « les fautes diplomatiques se sont succédé, choquant une élite marocaine attachée aux liens historiques qui unissent nos deux pays ». Si « la France continue de soutenir à l’ONU le plan d’autonomie proposé par le Royaume pour en terminer avec la question du Sahara, et qui est sans nul doute aujourd’hui la meilleure solution », Christophe Boutin estime qu’« un vrai travail reste à faire pour retrouver l’indispensable relation de confiance que les choix du président français ont mise à mal, de son refus de s’engager plus avant dans la reconnaissance de la souveraineté marocaine à sa fausse familiarité avec le souverain, affichée dans des déclarations ensuite démenties par Rabat. »
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Remontant dans l’histoire, le politologue français rappelle : « Même sous le protectorat, le dialogue entre la France et le Maroc est resté celui de deux États qui plongent leurs racines dans l’histoire ancienne : ce sont deux nations millénaires, et la dynastie actuelle régnait quand Louis XIV dirigeait la France ». Et de déduire : « Ce ne sont donc pas de ’ces territoires’ aux composantes floues dont le progressisme aime à organiser une “gouvernance” qui se veut toujours “fluide” mais n’est que fluctuante. Le bilan du quart de siècle de règne de Mohammed VI le prouve amplement : c’est parce qu’il sait d’où il vient que le Maroc sait où il va. » Il espère que son pays qui « retrouvera cette même assise pourra renouer le dialogue avec lui, car ce dernier est aujourd’hui plus que jamais nécessaire ». Et de conclure : « Le lien qui unit le Maroc, acteur géopolitique majeur, à la France apparaît comme une évidence et doit être restauré ».