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Le jury récompense l’expression cinématographique en temps de guerre


Présidé par le cinéaste italien Luca Guadagnino, le jury du 21e Festival international du film de Marrakech (FIFM 2024) a dévoilé son palmarès, ce samedi 7 décembre, lors de la cérémonie de clôture. Cette année, l’Etoile d’or a été attribuée au réalisateur palestinien Scandar Copti, pour son premier long-métrage «Happy Holidays». Cette intrigue familiale relate le drame contemporain d’une famille arabe israélienne à Haïfa, où le destin de quatre personnages révèle peu à peu les relations intergénérationnelles complexes entre hommes et femmes, rattrapés par les non-dits sociétaux, les contraintes coutumières et les complicités entretiennent ou lavent l’honneur du clan, animé par les luttes de pouvoirs internes.

Ce même film a été primé dans la catégorie de la meilleure interprétation féminine, qui a doublement récompensé les prestations de Wafaa Aoun et de Manar Shehab, respectivement dans les rôles de mère et de fille. Dans «Happy Holidays», Hanan est en effet la cheffe de famille devant laquelle personne ne tremble. Elle ne débat pas de ses décisions, elle les prend. Seulement, un évènement fera vaciller l’équilibre fragile du ménage, que Fifi aura à gérer avec sa génitrice.

Ph. FIFMPh. FIFM

Scandar Copti appelle à «mettre fin aux crimes contre l’humanité»

Entourée de l’équipe du film en recevant l’Etoile d’or, la consultante en scénario Mona Copti a adressé un message de remerciements au festival, de la part du réalisateur. Elle a également eu des mots sur la situation actuelle au Moyen-Orient, marquée par la guerre d’occupation israélienne dans la bande de Gaza. «Malgré toute la joie que nous ressentons pour cette récompense, nous sommes attristés en raison de toutes les atrocités dont nous sommes témoins, des crimes commis contre notre peuple et de l’humanité toute entière», a-t-elle déclaré.

«Face à notre incapacité, nous nous demandons comment nous en sommes arrivés là. Comment la déshumanisation est devenue une normalité ? Comment le meurtre, la destruction et les déplacements sont devenus acceptables ? Comment avons-nous pu perdre nos repères et en arriver là ? Nous espérons que ce film répondra à certaines de ces questions, en dévoilant l’impact de l’endoctrinement sur les sociétés et le comportement des individus, en particulier dans les sociétés où les femmes sont encore limitées par des coutumes et des traditions qui leur nient leurs libertés personnelles.»

Mona Copti au FIFM 2024

Ph. FIFMPh. FIFM

Par la même occasion, Mona Copti a insisté sur les «luttes liées». «Notre véritable libération ne peut être obtenue en isolement des autres. Aucun d’entre nous n’est libre, tant que nous ne le sommes pas tous, surtout les femmes. (…) Puisse Dieu mettre fin à ces crimes contre l’humanité», a-t-elle conclu, en renouvelant ses remerciement au jury du festival pour la récompense.

Double prix pour Damian Kocur qui raconte l’Ukraine en guerre

Dans les autres catégories, le réalisateur polonais Damian Kocur a été doublement primé pour «Under The Volcano», qui a remporté les prix de la mise en scène et de la meilleure interprétation masculine (Roman Lutsky). L’histoire est celle d’une famille ukrainienne recomposée, qui passe ses derniers jours de vacances sur l’île de Tenerife. Avec le début de la guerre en Ukraine, elle se trouve coincée loin du pays, confrontée à l’isolement et aux craintes… De touristes, les membres de la famille deviennent des réfugiés.

Par ailleurs, le prix du jury a été attribué ex aequo à «La Quinta» (The Cottage) de la réalisatrice argentine Silvina Schnicer et «The Village Next to Paradise» du réalisateur somalien Mo Harawe, issu des Ateliers de l’Atlas, programme industrie du FIFM.

Pour départager les films de la compétition, le jury présidé par Luca Guadagnino s’est composé du réalisateur iranien Ali Abbasi, de la réalisatrice indienne Zoya Akhtar, de l’actrice américaine Patricia Arquette, de l’actrice belge Virginie Efira, de l’acteur australien Jacob Elordi, de l’acteur britannico-américain Andrew Garfield, de l’actrice marocaine Nadia Kounda et du réalisateur argentin Santiago Mitre.

Les gagnants du FIFM 2024 / Ph. FIFMLes gagnants du FIFM 2024 / Ph. FIFM

Un record de 40 000 spectateurs dans les salles

Hors compétition, la grand-messe a connu des moments forts, à commencer par l’hommage posthume à la comédienne et actrice Naïma Elmcherqui, ou encore les hommages à Sean Penn et à David Cronenberg. Cette année, les Ateliers de l’Atlas ont consacré quant à eu un total de 1,31 MDH à l’aide aux projets des films récompensés, parmi ceux sélectionnés pour la septième édition du programme industrie.

Aussi, les cycles Conversations ont permis des rencontres inédites de 18 professionnels du cinéma avec cinéphiles, étudiants, jeunes créateurs a férus du septième art. Cette 21e édition a également été marquée par l’afflux record du public, qui a atteint «40 000 spectateurs dans les salles, dont 7 500 enfants et adolescents dans le cadre de l’opération Jeune Public et Famille», selon les organisateurs.

En tout, 71 films issus de 32 pays, répartis sur 6 sections, ont été projetés. Parmi eux, 12 ont bénéficié du soutien des Ateliers de l’Atlas.





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