Le Festival Gnaoua et Musiques du Monde, fondé en 1999, à une époque où la culture gnaoua était négligée, s’est hissé au rang de référence mondiale. Neila Tazi, co-fondatrice de cet événement culturel, exprime avec émotion un «grand sentiment de fierté et de bonheur» à son égard, en remerciant le public pour sa fidélité indéfectible depuis désormais 25 ans. Elle adresse également ses remerciements aux gnaouas, saluant leur solidarité et leur constante évolution. Autrefois confinée dans les «riads et zaouïas», cette confrérie marginalisée se produit désormais sur les plus grandes scènes devant des foules de 25 000 à 30 000 personnes, une transformation qu’elle juge «vraiment impressionnante».
Forum des Droits Humains
Depuis 2012, le Festival Gnaoua et Musiques du Monde accueille chaque année le Forum des Droits Humains, un espace d’échanges basés sur un thème prédéfini. Cette édition, marquée par le thème «Maroc, Espagne, Portugal : Une histoire qui a de l’avenir», a rassemblé des personnalités de divers horizons, incluant une intervention marquante de José Luis Rodriguez Zapatero, ancien chefp du gouvernement espagnol.
José Luis Rodriguez Zapatero et Neila Tazi à la cérémonie d’ouverture du festival. ©Yabiladi / Gwendydd Vaillié
Neila Tazi s’est réjouit de cette prise de paroles, notant que le politicien avait démontré «à quel point il était important de continuer à avoir de l’espoir et à véhiculer un dialogue de paix», à l’image du festival Gnaoua. Effectivement, dans un monde en proie au «repli identitaire», ce festival apparaît comme un «grand espace de dialogue social, de rencontres, de convivialité » qui divulgue «un message d’espoir et de paix», déclare-t-elle.
Mondial 2030 : un défi politique, sportif et diplomatique
Par ailleurs, en discutant des défis et des opportunités qui se présentent à l’horizon 2030, notamment avec l’organisation conjointe de la Coupe du Monde par le Maroc, l’Espagne et le Portugal, le forum rappelle l’importance de la coopération et de la solidarité. «Comment allons-nous pouvoir travailler au cours des 6 prochaines années, tous à notre échelle, pour nous préparer à surmonter ce défi, qui va pouvoir faire évoluer la question des relations, au sein de l’espace méditerranéen et continental, entre l’Afrique, l’Europe et plus», s’interroge Mme Tazi.
«Il m’apparaît évident que nous devons d’ores et déjà travailler sur tout ce qui peut rapprocher nos trois pays : sur le plan intellectuel et artistique notamment, mais aussi commencer à organiser des collaborations. Il faut faire parler nos talents respectifs pour que cette dynamique de construction contribue considérablement à ce qui sera une réussite en 2030.»
Neila Tazi
L’inclusion au coeur des valeurs gnaouies
Neila Tazi souligne que ce festival, fidèle à ses principes d’égalité, a permis aux gnaouas d’obtenir une reconnaissance internationale. L’inscription de cette confrérie au patrimoine immatériel de l’humanité couronne «vingt années de travail, de militantisme, d’engagement, de détermination, de conviction». Ainsi, «la question des droits humains a toute sa légitimité au sein du festival Gnaoua», précise-t-elle, mettant en avant l’inclusivité et l’ouverture d’esprit qui caractérisent Gnaoua et ses musiques du monde. «Un festival ouvert, très inclusif», c’est précisément comme cela que la co-fondatrice le décrit.
Pour la confrérie des Gnaouas, c’est l’occasion de se réunir, d’échanger et de partager des moments de convivialité. «On peut venir de mondes différents, de catégories sociales différentes, de nationalités différentes, on peut parler des langues différentes, mais lorsqu’on voit un spectacle comme la parade d’hier qui réunissait le Maroc, la Côte d’Ivoire, l’Espagne, le Brésil, on voit bien que par la musique on peut dire beaucoup de choses avec émotion, sincérité et bon cœur», affirme Neila Tazi avec conviction.
©Yabiladi / Gwendydd Vaillié
La diversité ethnique et culturelle constitue l’essence-même de cette célébration. «Aujourd’hui, quand on vient dans un évènement comme celui-ci, au Maroc, à Essaouira, au festival Gnaoua, on voit bien qu’il y a plus de 40 nationalités qui sont présentes», observe-t-elle. La ville d’Essaouira devient ainsi un véritable melting-pot, attirant des touristes des quatres coins du globe, «des Marocains de toutes les villes du Royaume», ainsi que de nombreux musiciens étrangers. Rien que cette année, 14 pays sont représentés dans la programmation.
Neila Tazi achève sa déclaration, en rappelant l’engagement du Maroc, sous la conduite du roi Mohammed VI, dans la promotion des valeurs de paix et d’égalité. «Je pense que le Maroc et tous les Marocains (…) ont le mérite de continuer à porter ce message fermement, de manière déterminée, volontariste, parce que c’est ce monde que nous souhaitons. La culture a un rôle essentiel à jouer et la démonstration se fait ici, très admirablement à travers les artistes et leurs concerts», conclue-t-elle.