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Le deuil impossible de Leïla, un an après la mort de sa fille (vidéo)



Profondément touchée par la mort de Socayna, Leïla, 62 ans, traverse une épreuve difficile. « Je suis une morte-vivante, je survis uniquement pour mon autre fille (Sabrina, 15 ans), confie-t-elle au Parisien. La maison est vide, terriblement vide. Sans arrêt, je crois que Socayna va frapper à la porte et s’asseoir avec nous dans la cuisine. Elle était tout pour moi. C’était ma fille, ma sœur, ma confidente, mon assistante. Nous échangions et discutions beaucoup. Quand je rentrais du travail, le soir, elle me parlait des livres qu’elle lisait. Elle était très instruite, elle m’a appris beaucoup de choses. Je suis allée à Rome, en Arabie saoudite, pour savoir s’il y a quelque chose après la mort, comprendre si c’est notre destin. C’est tellement injuste. »

La jeune étudiante de 24 ans avait été tuée la nuit du 10 septembre 2023 par une balle de 7,62 de kalachnikov tirée depuis un scooter monté par deux hommes vêtus de noir alors qu’elle se trouvait dans sa chambre dans une cité marseillaise. Sa mère revient sur cette nuit bouleversante. « C’était un dimanche, vers 22h45. J’étais au lit avec ma deuxième fille, Sabrina, car nous n’avions que deux chambres. On a entendu des détonations. On a regardé par la fenêtre, mais nous n’avons rien vu à part de la fumée. J’ai demandé à ma fille de fermer les fenêtres. Sabrina est allée chercher un chargeur de téléphone dans la chambre de sa sœur. Elle a toqué à la porte. Mais Socayna ne répondait pas. Elle a fini par pousser la porte. Et j’ai entendu ses cris : Maman, maman, ça coule de partout, de partout ! J’ai accouru, Socayna avait un trou dans la joue. Je l’ai prise dans mes bras, je savais qu’elle allait mourir », raconte Leïla.

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Sa fille Sabrina tente tant bien que mal de faire le deuil. La mort de sa sœur ainée reste une épreuve difficile pour elle et sa mère. « Elle est suivie par un psychologue. Elle ne dit pas grand-chose, elle a pris du poids. Je sais que je ne suis pas assez là pour elle, pour ses études. Mais Socayna est tout le temps dans ma tête, je la cherche. Je ne sais pas comment je vais pouvoir continuer. Avant, je travaillais, j’étais vivante. Même les cachets de la psychiatre ne me font rien. Il n’y a pas de remède pour moi. Je me réveille la nuit, dévorée de questions. Avec Sabrina, nous n’avons pas trop de dialogue. Je n’ai plus de sentiment. Je n’arrive même pas à m’approcher d’elle, à la prendre dans mes bras. Ça me fait mal. Mon cerveau est saturé, je n’ai plus de place. Nous sommes parties ensemble au Maroc en vacances, loin d’ici. J’avais commencé à lui parler. Toute la place est prise par Socayna. Je me cache de Sabrina pour pleurer. La seule chose que j’attends, c’est que les meurtriers soient jugés, condamnés, punis. Mais c’est tellement long », ajoute la sexagénaire.

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En février dernier, un mineur de 16 ans soupçonné d’être le tireur de la rafale ayant tué Socayna sur un point de deal a été interpellé et mis en examen pour assassinat. Le mis en cause et ses proches étaient « très largement impliqués dans le trafic de stupéfiants », faisait savoir le procureur de la République. La jeune étudiante serait une victime collatérale d’un règlement de compte entre trafiquants. Ça agace Leïla que la justice présente le tireur comme un mineur. « Ça m’énerve quand j’entends parler de ce terme : “mineur”. C’est un criminel, un meurtrier, point final. Un mineur, normalement, il est à l’école, pas dans la cité avec une kalachnikov. Il a fait un choix. C’est la faute des parents aussi, qui laissent leurs enfants traîner dans la rue. C’est aussi leur responsabilité », dénonce-t-elle. Depuis l’assassinat de la jeune femme, « rien n’a changé », selon la mère de la victime. Écœurant. « Rien n’a changé. Il y a toujours des meurtres, des victimes innocentes, des victimes collatérales partout en France. Beaucoup d’élus sont venus me voir. Mais qu’ont-ils fait depuis ? Ma fille est partie gratuitement. Ces derniers jours, je n’ai pas reçu un coup de fil. C’est le silence total, si ce n’est quelques associations qui me contactent. L’État, la ville ont oublié Socayna. En fait, elle n’était qu’un numéro, sa mort a fait l’actualité, et puis plus rien, c’est comme si on nous avait demandé de passer à autre chose. Mais c’est impossible », poursuit-elle.

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Leïla réclame justice pour sa fille. En attendant, elle organise une marche blanche ce samedi 14 septembre dans le quartier de la Joliette à Marseille, pour rendre hommage à Socayna, rapporte La Provence.



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