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Le Conseil de la concurrence pointe les pratiques anticoncurrentielles des entreprises


En 2023, l’inflation des produits alimentaires à usage quotidien a persisté. Légumes (28,6%), fruits (27,1%), produits laitiers et œufs (13,3%) ou viandes (11,5%), les prix des denrées ont connu une hausse brusque, surtout la tomate et l’oignon, les viandes rouges et les œufs. Dans son dernier rapport annuel, le Conseil de la concurrence a en revanche souligné que cet effet inflationniste n’avait «pas été aussi brutal sur l’inflation totale, étant donné qu’il a été amorti par le repli des prix des carburants et lubrifiants de 4,1% en glissement annuel, et la stabilité de l’inflation des produits réglementés, qui avait atteint 0,8% selon les données de Bank Al-Maghrib».

Sans nommer les entreprises concernées, l’institution a par ailleurs décrit des dynamiques observées sur d’autres marchés, comme «l’inflation déflationniste» et «l’inflation des matières premières». Pour l’institution, ceci interroge sur «les fondements du ralentissement de l’inflation» au niveau national. «Il va sans dire que l’hypothèse de l’inflation importée reste d’autant plus pertinente qu’elle coïncide avec un contexte international du moins instable, à l’image du secteur de l’énergie où les pays de l’Opep+ ont continué à maintenir leur orientation vers une baisse de la production», indique le rapport.

Si l’inflation de 2022 s’est fondée «majoritairement sur des chocs externes de l’offre», avec des coûts de production et de vente aux consommateurs finaux gonflés par les prix à l’importation, celle de 2023 «s’est entretenue au contraire, quoi que moins vigoureusement, dans un contexte de détente des tensions inflationnistes externes». «Du fait que l’inflation ait été faiblement tirée par les composantes volatiles, notamment l’alimentation et les carburants, les fondements de l’inflation importée se sont considérablement affaiblis», note le CC.

Pour autant, celui-ci souligne que «les effets des chocs climatiques sur l’offre interne de produits alimentaires ont été déterminants dans la volatilité momentanée des prix de certains produits, à leur tête les légumes et les fruits».

Certaines entreprises usent de leur pouvoir de marché

D’autres types de chocs de nature microéconomique ont pesé aussi sur l’inflation, en 2023. Pour le Conseil, «ceux-ci proviennent de la capacité des entreprises ayant un pouvoir de marché à augmenter leurs prix pour tirer profit de l’inflation, et ce, en augmentant la marge bénéficiaire de façon injustifiée». Communément appelé «cupidflation» dans le jargon économique, ce phénomène qui réduit la concurrence s’ajoute, selon la même source, à «d’autres pratiques à la limite de la légalité et qui commencent à être décelées dans plusieurs marchés», comme la «shrinkflation» et la «cheapflation».

En effet, la «cupidflation» résulte de la capacité d’entreprises ayant un pouvoir de marché à augmenter leurs prix. Le Conseil souligne que «cette situation peut même être la conséquence d’une entente implicite pour protéger les profits», outre les pratiques de «shrinkflation», tirées d’une stratégie commerciale de «réduction de la quantité de produit contenue dans un bien, tout en gardant stable, voire en augmentant, son prix». La «cheaplation» vise quant à elle «non pas à réduire la quantité, mais à modifier la composition des ingrédients qui rentrent dans la fabrication du bien», soit «en supprimant certains ingrédients ou en les remplaçant par des substituts moins chers ou de moindre qualité, permettant ainsi de réduire les coûts de production».

Par ailleurs, le Conseil de la concurrence retient que la hausse modérée de la consommation finale des ménages en 2023 «a nourri la tendance désinflationniste observée dès février 2023, aidée par l’accroissement du chômage» et «l’affaiblissement continu du pouvoir d’achat». Selon le HCP, le taux de chômage au Maroc aurait atteint 13% l’année dernière, contre 11,8% en 2022. «La relation inversée entre l’inflation et le chômage montre que la boucle salaire-prix est restée inactive et que la spirale inflationniste était faiblement probable», indique le rapport.

Des mesures gouvernementales pour contenir l’inflation

Au niveau politique, le Conseil de la concurrence rappelle que les mesures prises pour juguler l’inflation de l’année dernière ont eu un double objectif. L’idée a été d’«atténuer l’ampleur de l’inflation en la ramenant à des seuils tolérables», tout en empêchant «la durabilité des tensions inflationnistes». «Cette politique économique a reposé sur un corpus de mesures piloté à la fois par le Gouvernement et la Banque Centrale. A l’échelle de l’action gouvernementale, l’approche retenue pour réduire les pressions inflationnistes s’est focalisée sur l’amélioration de l’offre des produits, notamment alimentaires, tout en assurant un bon fonctionnement de leurs marchés respectifs», souligne le document.

Aussi cette démarche a-t-elle eu pour objectif de «redynamiser la demande par le biais d’un soutien au pouvoir d’achat», avec le maintien des montants alloués aux subventions à la consommation, s’agissant du gaz butane, du sucre brut et raffiné, ainsi que du contingent de la farine nationale de blé tendre. Depuis 1er septembre 2023, l’exécutif a par ailleurs procédé à l’augmentation du salaire minimum légal dans les activités agricoles et non-agricoles, «afin de renforcer les revenus des bas salaires».

Dans le même registre, le rapport rappelle que «les dispositions de la loi de finances 2023 avaient apporté des mesures fiscales permettant de contenir l’inflation de certains produits de base, telles que l’exonération de la TVA à l’importation des fourrages simples destinés à l’alimentation du bétail et des animaux de basse-cour et l’exonération du droit d’importation pour certains médicaments et produits pharmaceutiques».





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