Afin d’atteindre le Cap des Trois Fourches qui constitue le point le plus saillant de la Méditerranée marocaine orientale, il faudra prendre la route depuis la ville de Nador vers l’enclave de Melilla. Contournant le massif de Gourougou, il faudra encore dépasser l’enclave espagnole, puis la ville de Farkhana, avant d’atteindre la forêt de Trifa. De là, plus qu’une vingtaine de kilomètres sur une route assez exiguë nous reste à parcourir avant d’atteindre le cap.
Un premier arrêt s’impose dans le petit village de pêcheurs de Tibouda. Pour la visite guidée c’est Abdessalam Ouaalih, président de l’Association Tibouda qui se livre à cœur joie aux explications.
Le petit village de Tibouda, dans le Cap des Trois Fourches./Ph.DR
Le village est dominé au nord, comme à l’est et l’ouest par la mer. Bien que le village accueille quelques touristes, «ici nous sommes tous tournés vers la mer, presque tous les villageois sont des pêcheurs», nous explique Abdessalam Ouaalih. D’ailleurs, lors de votre séjour vous pourrez également assister à la vente aux enchères de poisson qui anime le village.
Villages abandonnés et plages désertes
Selon le temps que vous prévoyez pour ce séjour, sachez que plusieurs circuits sont proposés. Pour le logement, Abdessalam nous explique qu’il est possible de louer une petite parcelle auprès des habitants pour installer son campement ou bien louer une chambre directement chez les habitants qui sont nombreux à le proposer.
Le premier circuit proposé est celui depuis Tibouda jusqu’au phare du Cap des Trois Fourches, qui trône sur la côte depuis plus d’un siècle. Construit en 1909 et mis en service quelques années plus tard, le phare qui fait plus de 22 mètres de hauteur est toujours opérationnel. De ce fait, il n’est possible de l’admirer que de l’extérieur ou encore d’être ébloui par les éclats de lumière qu’il émet toutes les vingt secondes et visibles à plus de 35 kilomètres.
Bien plus long, le deuxième circuit propose la découverte du village abandonné de Boumahfoud. Un circuit qui se fait en bord de mer et pour lequel il faudra compter au minimum 6 heures de marche. Contrairement au village de Tibouda, Boumahfoud a été déserté par les habitants, et ce pour une raison simple : Se trouvant derrière une colline, le village n’est accessible qu’à pied ou à dos d’âne.
Plage dans le Cap des Trois Fourches. / Ph.DR
Le troisième circuit, toujours chevauchant des plages désertes, nous mène jusqu’au la plage Cara Blanca. En se rendant depuis Tibouda, Abdessalam conseille d’avoir recours à un guide qui connait les raccourcis depuis la côte pour pouvoir profitez au maximum de chaque instant. Vous pourrez également piquer une tête dans des eaux cristallines où seul le bruit des petits vagues vient briser le silence.
Un trésor enfoui dans la mer
Une fois à Cara Blanca, on est intrigué par les formations rocheuses en forme de cônes sur lesquels se tiennent de façon presque miraculeuse des rochers assez imposants. Communément appelée Copa del Mundo, cette attraction est un des spots les plus populaires dans la région. Toutefois, l’activité indispensable à Cara Blanca reste la plongée sous-marine, pour découvrir un trésor enfoui sous terre et dont peu de gens connaissent l’existence.
En effet, de part sa position stratégique tout le Cap des trois fourches héberge une importante faune et flore marines. La côte au contour très irrégulier, où se succèdent avancées rocheuses et petites baies, présente un important nombre de falaises et de grottes. En grand nombre, ces grottes sont semi-submergées ou bien complétement submergées.
Pour découvrir les trésors qui s’y cachent il faudra alors plonger. Coraux tels que la gorgone blanche ou rouge, le corail orange, qui est une espèce menacée, ou encore les étoiles de mer rouges ou encore la petite cigale Scyllarus arctus, ont toutes pour refuge le cap. D’ailleurs, une étude menée conjointement par des chercheurs marocains et espagnols avait mis en lumière la présence de plages dans le fond marin qui pourraient constituer un habitat idéal pour le phoque moine, qui est en danger d’extinction.
Photo d’illustration./Ph.DR
Plus visible, la richesse faunistique et floristique du Cap des trois fourches lui vaut d’être classé, dès 1996, Site d’intérêt Biologique et Ecologique (SIBE). Englobant également le littoral, ce statut est aussi un hommage aux milliers d’espèces qu’abrite le site. En effet, ici tous les ingrédients sont réunis pour l’épanouissement d’espèces d’oiseaux marins, parmi lesquels nous pouvons citées le goéland d’Audouin, la sterne voyageuse ou la mouette tridactyle, toutes des espèces rares et menacées. La nature accidentée des côtes offre des escarpements idéaux pour des espèces imposantes tel que le faucon crécerellette, qui figure parmi les 69 espèces qui ont choisi le Cap des Trois Fourches.
Il est important enfin de souligner qu’un volcan se trouve tout au nord du Cap des Trois Fourches. Etant en réalité un complexe de laves et de tufs, il n’est pas si facile à repérer. Il vous faudra ouvrir l’oeil… ou plus simplement profiter des connaissances de votre guide.