Juan Rodríguez Garat, amiral retraité après 47 ans de carrière au sein de la Marine espagnole, s’est reconverti en analyste de défense. Il consacre désormais une part importante de son temps à alerter l’opinion publique sur les enjeux de défense. Dans son dernier livre, il dresse un état des lieux du contexte géopolitique mondial et pointe du doigt deux faiblesses majeures de l’Espagne, notamment certaines concessions envers le Maroc.
Au cours de cet entretien accordé à Infodefensa, l’amiral Rodríguez Garat a analysé le réarmement du Maroc, soulignant que l’ennemi principal du royaume chérifien se situe à sa frontière algérienne. « Si le Maroc pensait à l’Espagne, il aurait des sous-marins », affirme-t-il. L’Algérie, quant à elle, en possède, ce qui fait d’elle une menace plus importante pour l’Occident. « Le sous-marin est l’arme du faible par excellence », explique l’amiral, car il permet d’entraver l’action d’une marine puissante.
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L’acquisition par le Maroc de lance-roquettes à longue portée illustre également cette stratégie de défense face à l’Algérie. « J’ai lu que ces lance-roquettes peuvent atteindre Grenade », concède l’amiral Rodríguez Garat, « mais Grenade fait partie du territoire de l’OTAN. Pourquoi le Maroc voudrait-il provoquer une guerre avec l’Alliance atlantique ? Cela n’a aucun sens. » Selon lui, ces actions visent à affaiblir l’OTAN en exploitant les divisions internes des pays membres.
Pour l’amiral Rodríguez Garat, il est crucial de sensibiliser la population espagnole aux enjeux de défense. « Il faudrait obliger les gens à regarder en dehors de l’Espagne », déclare-t-il, prenant l’exemple du film Beau Geste, où des légionnaires français défendent un fort dans le désert algérien. « Pourquoi ne résistaient-ils pas à défendre le mur ? Parce qu’ils regardaient dehors et voyaient ce qui les attendait. »
« Si tu veux la paix, prépare la guerre », conseille l’ancien militaire au gouvernement espagnol.