Publié le 19 juillet 1975 et déclassifié le 14 mars 2007, un document de la CIA a abordé l’examen de la question du Sahara occidental, alors sous occupation espagnole, devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye.
Le 23 septembre 1974, le Maroc a soumis une demande au secrétaire général des Nations unies et au gouvernement espagnol, pour faire examiner le dossier du Sahara occidental par la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye. En effet, Rabat a souhaité un avis consultatif pour renforcer sa position et ses droits historiques sur le territoire.
Les renseignements américains ont avancé que l’Algérie soutenait l’indépendance du Sahara occidental devant la Cour, expliquant que «la réitération de cet appui à travers le droit à l’autodétermination du peuple du Sahara espagnol devant la CIJ» pourrait «donner lieu à de nouvelles tensions» avec le Maroc.
«Le représentant algérien a conclu sa présentation de trois jours, le 16 juillet, en appelant la Cour, qui doit rendre (…) un avis consultatif sur les aspects juridiques du conflit sahraoui, à reconnaître le droit inaliénable du peuple du Sahara espagnol à l’autodétermination», souligne le document.
Selon la même source, les Algériens ont qualifié «ce droit de principe supérieur aux revendications régionales existantes, en référence claire aux arguments présentés précédemment par la Mauritanie et par le Maroc». En effet, «la proposition algérienne fait spécifiquement référence à la nécessité d’organiser un référendum sous l’égide des Nations unies».
L’agence de renseignements américaine explique : «Jusqu’à présent, le gouvernement marocain a été dans la réserve. Un communiqué commun publié il y a deux semaines, à la suite de la visite du ministre algérien des Affaires étrangères à Rabat, annonçait l’existence d’une compréhension commune concernant l’avenir du Sahara espagnol.»
Et d’ajouter : «Comme on pouvait s’y attendre, la presse marocaine d’opposition a condamné l’offre algérienne et remis en question la valeur du récent accord bilatéral». «Durant un récent échange avec des responsables américains, le roi Hassan II a semblé confiant par rapport à l’idée que lui et les Algériens étaient d’accord sur ce qui suit : L’Algérie n’interviendra pas militairement si le Maroc ‘occupe’ le Sahara ; dans le cadre des relations maroco-algériennes, la guerre de 1963 ne se reproduira pas ; l’Algérie n’a aucune revendication territoriale au Sahara.»
«En échange, le roi Hassan II aurait promis de ratifier l’accord frontalier de 1972, à la suite de la capitulation de l’Algérie. La confiance du roi était peut-être déplacée. Les Algériens voulaient peut-être simplement gagner du temps pour leurs manœuvres.»
Document déclassifié de la CIA
La CIJ confirme les liens historiques entre la monarchie et les tribus du Sahara
En l’espèce, la CIA considère la position algérienne comme un soutien au Front Polisario. Elle affirme qu’Alger travaillera à «renforcer les capacités rebelles du Front Polisario».
Le 16 octobre 1975, la CIJ a rendu sa décision consultative, selon laquelle le Sahara n’avait jamais été une «terre sans peuple» et qu’il existait bien des liens juridiques et des liens d’allégeance entre les sultans du Maroc et les représentants tribaux du Sahara.
Le même jour, Hassan II a donné un discours, appelant à tenir une Marche verte pacifique pour reprendre le Sahara. D’ailleurs, le souverain a rappelé que la CIJ avait consigné l’existence de liens juridiques et d’allégeance entre le royaume du Maroc et le Sahara.
«Il ne nous reste plus qu’à retourner sur notre terre. Le Sahara nous a ouvert ses portes légalement. Le monde entier nous a reconnu que le Sahara était à nous depuis l’Antiquité. Il nous a également reconnu des liens, qui n’ont pas été rompus volontairement, mais plutôt par le fait de la colonisation», a soutenu le roi Hassan II.