La ville de Rabat ne détient plus le monopole de l’acte diplomatique du Maroc. Laayoune et Dakhla livrent une concurrence discrète à la capitale administrative du royaume, notamment sur la politique en direction de l’Afrique.
L’ouverture sur les groupes régionaux du continent, accentuée après le retour du royaume en 2017 au sein de l’Union africaine, a bénéficié aux deux grands centres urbains du Sahara. Un processus qui a commencé en 2020, avec les inaugurations de consulats de pays membres de l’UA à Dakhla et Laayoune, confirmant ainsi, par des actes sur le terrain, leur reconnaissance de la marocanité du territoire.
Un acquis que le royaume tient à préserver des aléas de la politique, surtout avec une Algérie en embuscade, en associant les deux villes sahariennes à la genèse de la nouvelle dynamique de la diplomatie marocaine vers le continent.
Des réunions mixtes organisées à Laayoune et Dakhla
Après la participation d’élus locaux, originaires du Sahara, dans les négociations avec les Nations unies (les deux tables rondes de Genève en décembre 2018 et mars 2019) et l’Union européenne (accords agricole et de pêche conclus en 2019), le Maroc a ensuite intégré l’espace géographique à sa stratégie diplomatique. En témoigne le nombre de réunions organisées ces dernières années dans les deux cités.
Ce vendredi 13 décembre, Laayoune a accueilli la 1ère session de la commission mixte Maroc-Zambie. La capitale du Sahara avait également organisé, le 16 juillet, la 1ère réunion, s’inscrivant dans le même cadre, avec le Malawi.
Un honneur qui revenait précédemment à Dakhla. Le 9 juin 2023, la ville atlantique accueillait la 7e session de la commission mixte Maroc-Burkina Faso, sanctionnée par la signature d’accords de partenariat. Quatre semaines plus tard, la même ville abritait une réunion similaire avec la Guinée. Un processus qui s’est poursuivi avec la tenue, le 25 janvier 2024, de la 3e session de la commission mixte Maroc-Gambie.
D’importantes réunions ministérielles avec des pays africains reconnaissant la marocanité de la province ont jeté l’ancre au Sahara. Le 5 avril 2021, le royaume et le Sénégal signaient, à Dakhla, deux accords de coopération et un mémorandum d’entente destinés à promouvoir leur partenariat dans les domaines de la décentralisation, des technologies de l’information et de la communication (TIC) et de l’aviation civile.
Après l’adhésion, officialisée à Marrakech le 23 décembre 2023, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad à l’initiative lancée le 6 novembre de la même année par le roi Mohammed VI, visant à faciliter l’accès des pays du Sahel à l’Atlantique, Dakhla accueillait en juillet 2024 une rencontre des membres de ce projet.
Ce choix confirme la vocation de Dakhla d’être une porte du royaume sur l’Afrique subsaharienne, notamment avec son grand port en construction. «Dakhla sera une base primordiale des relations économiques du Maroc avec l’Afrique de l’Ouest, comme voulu par SM le Roi Mohammed VI, à travers la dynamique économique et les infrastructures d’envergure, notamment le port atlantique qui est en cours de construction», avait souligné en avril 2023 Nasser Bourita, dans des déclarations à la presse.
Après Rabat, Laayoune et Dakhla s’imposent donc comme les nouveaux carrefours diplomatiques du Maroc, notamment dans sa politique destinée à l’Afrique.