Les élus locaux de Rotterdam ont appelé à une enquête approfondie et aboutie, après des années de mystère sur le détournement d’aides destinées à des programmes de déradicalisation. Les subventions auraient bénéficié aux activités d’une fromagerie basée au Maroc. Dans une réponse écrite adressée à son conseil, mercredi, la bourgmestre Carola Schouten (Union chrétienne) a fait part de plusieurs zones d’ombres dans cette affaire, tout en défendant le personnel municipal qui aurait éveillé les soupçons.
Citée par PZC aux Pays-Bas, la conseillère démocrate Ingrid van Wifferen affirme que «les réponses de la maire montrent que l’on sait très peu de choses», à commencer par «combien d’argent a disparu» et «comment la fraude a été opérée». Dans ce sens, le chef de file du groupe de droite Leefbaar, Simon Ceulemans, a appelé à «insister pour obtenir davantage d’informations de la part du ministère public et, si cela s’avère insuffisant, procéder à une enquête externe approfondie».
Des soupçons autour d’une fondation sociale réputée
Selon les mêmes sources, l’affaire concerne trois hommes qui auraient détourné les subventions manquantes, pour les investir dans la fromagerie au Maroc. L’un d’eux a été membre du conseil municipal, au sein duquel il a représenté le Parti travailliste (PvdA), il y a plus de vingt ans.
Deux des trois suspects sont connus par ailleurs pour être des membres fondateurs d’Attanmia, une structure à caractère social «très appréciée», que même le roi Willem-Alexander a précédemment visitée. La fondation est connue pour avoir organisé notamment des formations à destination des parents, afin de prévenir la radicalisation des jeunes.
Les faits de détournement ont quant à eux été révélés en 2017, sur la base d’un signalement anonyme. Alors que la fraude aux subventions aurait duré depuis des années, «ce n’est que début 2024 que le ministère public a annoncé qu’il poursuivrait les trois suspects», rapportent les médias.
Des interrogations sur les suites judiciaires
Peu avant que le dossier ne soit ouvert au tribunal pour la première fois, en décembre 2024, le même département a annoncé avoir trouvé «un accord avec les trois suspects». Après avoir plaidé coupable, les mis en cause se sont engagés à des actions d’intérêt général, outre le versement d’amendes.
Mais les interrogations demeurent, concernant le rôle présumé d’un quatrième individu. Fonctionnaire à la direction de la sécurité de la municipalité, il aurait accordé un prêt de 9 500 euros à l’un des suspects. Bourgmestre de Rotterdam de 2009 à 2024, Ahmed Aboutaleb aurait affirmé, durant un débat en 2018, que cet homme n’avait rien à voir avec l’affaire.
Peu de temps après, le même individu a été entendu comme témoin. Dans sa lettre, Carola Schouten, qui a succédé à Aboutaleb, continue d’assurer qu’il n’existe «aucune raison de douter de l’intégrité de cet employé». Dernièrement, la maison de l’homme a été la cible d’explosions à cinq reprises, dans le cadre d’un conflit criminel impliquant un de ses proches.