Après avoir légalisé la production du cannabis à des fins thérapeutiques, gracié le mois dernier 4 800 agriculteurs condamnés pour des affaires liées à la culture illégale afin de leur permettre d’obtenir une licence et accentué la répression sur les trafiquants qui entendent rester dans l’illégalité, le Maroc mène une lutte farouche contre le trafic du cannabis.
En tout, environ 100 tonnes de résine interceptées entre janvier et juillet, soit 19 tonnes de plus que le bilan officiel dressé l’année dernière par la Direction générale de la sécurité nationale (DGSN), précise une source sécuritaire à Rabat. Cette lutte contraint les narcotrafiquants à se réinventer, à contourner la route historique par le détroit de Gibraltar où les contrôles sont renforcés. Par la voie maritime, « les narcotrafiquants tentent de rejoindre le Portugal et le sud-ouest de l’Espagne, voire directement le nord de la péninsule et la Catalogne avec des embarcations toujours plus rapides », fait savoir Le Journal du Dimanche.
Par la route, le corridor du Maghreb passant par l’Algérie, la Tunisie et l’Égypte semble se développer, atteste une source policière. Les narcotrafiquants mettent ensuite le cap sur le sud de l’Europe avec du cannabis, empaqueté dans des « valises marocaines ». « Signe d’une certaine tension », les violences « décomplexées » à l’encontre de forces de l’ordre dans ces pays traversés « prennent de l’ampleur » et « illustrent l’exaspération des trafiquants devant ce tour de vis sécuritaire », poursuit cette source.
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Cette lutte produit un impact positif sur le marché français. « La pression impulsée par le Maroc depuis le début de l’année sur les trafiquants de résine de cannabis a contraint ces derniers à revisiter leurs stratégies logistiques au départ du pays », écrivent les policiers de l’office antistupéfiants (Ofast) dans une note. Les narcotrafiquants empruntent de plus en plus les itinéraires de délestage et morcellent leurs envois pour éviter les pertes lors des contrôles.
Cette lutte profite à la France : le nombre de saisies supérieures à 200 kilos de cannabis réalisées par les services français a été réduit d’un tiers. Il est passé de 45 lors du premier semestre 2023 à 30 interceptions sur la même période cette année.
À l’origine de cette baisse des « grosses saisies » sur le territoire français, les quantités importantes interceptées au Maroc et dans les pays de transit : 18,2 tonnes découvertes dans un poids lourd au sud de Casablanca en juin dernier, et plus de 13,3 tonnes confisquées en Algérie depuis le début de l’année, contre 7,7 tonnes sur la même période en 2023, soit une augmentation de 73 %. « De moins en moins de voyous font fortune dans le stup. Mais de plus en plus de petites frappes en vivent », constate un enquêteur spécialisé.
