Le défunt roi Hassan II est connu pour son goût raffiné de la mode et de l’élégance. Les montres n’ont pas été en reste, puisque son choix s’est porté souvent sur de grandes marques de luxe. Les signatures françaises Breguet et Chaumet, toutes deux riches d’une longue histoire en horlogerie et en joaillerie, ont collaboré dans les années 1980 pour fabriquer au roi du Maroc une montre unique, dotée d’un triple calendrier hégirien instantané.
Artisan de l’horlogerie et de la joaillerie de luxe suisse, Breguet a été fondée par Abraham-Louis Breguet à Paris en 1775, tandis que Chaumet a vu le jour en 1780 par Marie-Étienne Nitot. À l’époque de la fabrication de cette pièce royale, Chaumet a été le propriétaire de Breguet. En 1958, les fils de Marcel Chaumet, Jacques et Pierre, sont nommés directeurs exécutifs de la Maison et reprennent la marque en 1970.
Connue pour ses chefs-d’œuvre royaux, Breguet, soutenue par la Couronne française à la fin des années 1700, et Chaumet, livrent au roi Hassan II la montre-bracelet automatique en or blanc 8 carats avec triple calendrier instantané hégirien, le 23 décembre 1985.
«À première vue, la montre semble être une montre à triple calendrier avec une simple mise à niveau des disques de calendrier en arabe», écrit Christie’s, une maison de vente aux enchères britannique fondée en 1766. Cependant, la montre est bien plus que cela : son calendrier n’est pas grégorien, mais plutôt islamique, «nécessitant une modification personnalisée des engrenages», écrit la maison de vente aux enchères de luxe.
La montre du roi Hassan II arbore un cadran dans la tradition Breguet : une «plaque en or massif argentée entièrement guillochée, à l’exception du tour d’heures satiné et des deux cartouches également finis portant les signatures Breguet et Chaumet».
Une montre digne d’un roi
La montre est dotée d’un boîtier spécifique sur le dessus qui lit les mois de l’Hégire en arabe, avec un guillochage différent utilisé pour les bordures du tour d’heures témoignant d’un soin du détail capital, digne d’un roi.
Comme Chaumet a été le propriétaire de Breguet à l’époque de la fabrication de cette pièce intemporelle, les deux marques ont cosigné le cadran. Dans une coïncidence visuellement agréable, les deux noms se trouvent sur un pied d’égalité, représentant la même longueur, «s’insérant ainsi dans deux cartouches de taille égale qui ajoutent de l’équilibre à la pièce».
Le boîtier est un octogone aux angles arrondis et d’un diamètre de 36 mm. Au dos de la montre, on peut lire le sigle JHP, qui signifie «l’auteur de ce chef-d’œuvre», le célèbre fabricant de boîtiers Jean-Pierre Hagmann, qui a également travaillé pour des marques de luxe comme Patek Philippe et Audemars Piguet.
Le bracelet de la montre, tissé et texturé, est fabriqué par un autre grand nom du domaine : Jean-Pierre Ecoffey.
Cette pièce réserve une autre surprise. Le bracelet est estampillé «Audemars Piguet». Selon les recherches de Christie’s dans les archives de Breguet, ce sigle suggère que le bracelet de la montre est d’origine et qu’il a été «choisi par les frères Chaumet, propriétaires de Breguet, détaillants d’Audemars Piguet et fournisseurs du roi du Maroc à l’époque, comme le choix parfait pour cette exquise montre».
La même source annonce fièrement que cette montre Hijri est «l’un des rares véritables trésors horlogers perdus de la fin du XXe siècle».
Breguet et Chaumet ont vendu ce chef-d’œuvre au défunt roi du Maroc pour la somme de 500 000 francs français de l’époque. Lors d’une vente aux enchères organisée par Christie’s en mai 2017, cette pièce a été adjugée pour un prix final de 87 500 CHF.