Ces dernières années, la mission de paix onusienne au Sahara occidental a brillé pour son inaction. Après 34 ans d’existence, la MINURSO a-t-elle encore un rôle à jouer dans la résolution de ce conflit ?
La Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental, connue sous le nom de MINURSO, a été créée en 1991 avec pour objectif principal de préparer et d’organiser un référendum. Cependant, cet objectif n’a jamais été atteint, faute de conditions favorables pour une telle consultation populaire.
Le contexte géopolitique, tant régional que mondial, qui a conduit à la création de la MINURSO, a considérablement évolué. Le rôle même de cette mission onusienne suscite des interrogations, surtout après que le Polisario a bloqué la circulation au passage d’El Guerguerate et a déclenché, depuis le 13 novembre 2020, une «guerre», violant ainsi l’accord de cessez-le-feu du 26 septembre 1991.
Aujourd’hui, les grandes puissances mondiales, notamment les États-Unis et la France, ont modifié leur approche de la question du Sahara. Une nouvelle dynamique est en marche. Dans ce contexte, hormis la rédaction de rapports destinés au secrétaire général de l’ONU, la MINURSO ne semble plus avoir de rôle significatif à jouer. C’est ce que j’avais déjà exprimé en 2006 lors d’une visite à New York auprès de responsables des Nations Unies.
Quels sont les obstacles auxquels la MINURSO est confrontée dans l’exercice de sa mission, et qui en est responsable ?
La MINURSO n’a pas réussi à organiser un référendum au Sahara en raison des obstacles posés par le Polisario et l’Algérie concernant la constitution du corps électoral. Ces deux parties sont convaincues que le référendum n’est pas la solution et prônent la création d’une république au Sahara. Cela crée une contradiction flagrante : comment peuvent-elles réclamer un référendum tout en proclamant une république ?
En 2000, lorsque le mandat de la commission d’identification du corps électoral a pris fin, le Maroc a-t-il demandé un changement de nom pour la MINURSO ?
Face aux difficultés pour établir la liste des électeurs, Kofi Annan a mis fin au mandat de la commission d’identification. Le Maroc a tenté de changer le nom de la mission, mais s’est heurté à l’opposition du Polisario.
Quelle est votre évaluation de la situation actuelle au sein du Polisario et dans les camps de Tindouf ?
Le processus de désintégration du Polisario a débuté en 1988. Aujourd’hui, une grande anarchie règne dans les camps de Tindouf, où le tribalisme radical prédomine. Des conflits tribaux éclatent pour le contrôle du pouvoir et le trafic de drogue, tandis que des jeunes désorientés rejoignent des groupes terroristes, notamment au Mali.
Depuis le 13 novembre 2020, le Polisario est dans une impasse, surtout après que les forces aériennes marocaines ont empêché ses milices d’accéder aux prétendus «territoires libérés». La situation est explosive dans les camps de Tindouf, comme en témoignent les échanges tendus sur les réseaux sociaux entre groupes de jeunes.
Après la reconnaissance par les États-Unis et la France de la marocanité du Sahara, l’ONU a-t-elle encore un rôle à jouer dans ce dossier ?
La majorité des grandes puissances, comme les États-Unis et la France, qui sont aussi membres permanents du Conseil de sécurité, prônent une solution pragmatique, en phase avec la réalité géographique et humaine. Des évolutions significatives se produisent sur le terrain, notamment en Mauritanie et au Maroc. Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis pourrait avoir prochainement des répercussions majeures.