La medersa Bou Inania de Fès -à ne pas confondre avec celle de Meknès- est un lieu incontournable pour toute personne se rendant à la capitale spirituelle du royaume. Son histoire et ses mystères font d’elle un des lieux les plus visités de la ville.
Située dans l’ancienne médina de la ville, cette medersa a été construite entre 1300 et 1357 par le sultan mérinide qui lui en donna le nom, Abou Inân Fâris ben Ali, qui exerça son pouvoir de 1348 jusqu’à 1359.
Sur place, un silence religieux règne dans la medersa, loin de l’animosité du quartier. Tout de suite on est impressionné par les volumes, les couleurs et les multiples détails qui ornent les murs. Construite sur deux niveaux autour d’une cour centrale d’une vingtaine de mètres carrés, la medersa est un pur exemple de l’architecture mérinide, fortement représentée dans la ville qui fut autrefois la capitale de la dynastie, à l’instar des Idrissides.
Le minaret de la medersa Bou Inania de Fès. / Ph.DR
Après de longues années de délabrement, ce joyau architectural a été restauré et réouvert au grand public en 2004. Les travaux de restauration avaient débuté en 1995 et se sont étalés sur huit longues années, nécessitant le travail de multiples petites mains en or, qui ont repris à l’identique les détails qui n’avaient pas été épargnés par le temps.
Les vitres, la mosaïque, le plafond en cèdre ou encore les séparations en bois, tout mérite votre attention. Tout autour de la cour centrale se succèdent les portes voutées menant vers différents espaces. Celles menant vers ce qui étaient autrefois les chambres des étudiants et entre autres celle menant vers la mosquée qui faisait également office de salle de cours.
Une école pour former des administrateurs fidèles au régime
Contacté par Yabiladi, Hassan Janah, président de l’association des guides des villes de Fès et Meknès, précise que «contrairement aux définitions qu’on donne généralement à la médersa, il ne s’agit pas d’une école coranique, elles sont en réalité des lieux de résidences d’étudiants».
A l’époque être accepté dans une medersa était un prestige, car «les étudiants devait réussir tout d’abord un concours écrit puis oral et même un test psychotechnique». Le système éducatif était multidisciplinaire, passant des sciences dures, aux sciences humaines, sans oublier la littérature et bien évidemment la théologie. «On esseyait d’enrichir leur culture générale, qui permettait ainsi de former les oulémas et les futurs dirigeants du pays», explique-t-il.
Photo d’illustration. / Ph.DR
Notre interlocuteur, fait le parallèle entre les méthodologies enseignées à l’école nationale d’administration (ENA) en France, qui «sont en fait inspirées du système des medersas au Maroc». «Tous comme les énarques de nos jours, les tolbas (étudiants, ndlr) des medersas étaient formés de façon à occuper des postes de responsabilité», souligne-t-il. Cette volonté émanait principalement du fait qu’on voulait en faire des fidèles du régime, capables de représenter au mieux le pouvoir central.
La medersa Bou Inania n’a cessé d’accueillir des étudiants que vers les années 1970, laissant derrière elle ce patrimoine et ces histoires encore racontés à Fès et ailleurs.
L’énigme de l’horloge hydraulique
En sortant de la medersa, on trouve un autre joyau de ce site, l’horloge hydraulique installée juste en face. Conçue à travers un système très complexe, cette horloge est une véritable énigme pour les scientifiques et les chercheurs qui tentent de la restaurer, en vain.
Elle est inspirée des clepsydres, horloges hydrauliques datant de l’antiquité et qui s’apparentent au sablier. «Les arabes avaient copié ce système, en le perfectionnant. L’horloge Bou Inania comporte treize bols et treize sortes de fenêtres qui permettaient d’indiquer l’heure exacte», nous explique Hassan Janah. Le treizième bol est celui où se déverse l’eau en dernier. La largeur et la longueur des conduits d’eau dépendent de la vaporisation et l’évaporation de l’eau, ajoute-t-il.
L’horloge hydraulique de Fès. / Ph.DR
De plus, «on réduisait ou on augmentait la quantité d’eau en fonction des saisons», précise Hassan Janah, qui souligne que les connaissances de l’époque étaient très avancées et étaient prises en considération lors de la fabrication de cette horloge dont le mystère est toujours un casse-tête pour les chercheurs. Qui sait, peut être bien que cette horloge s’est arrêtée pour que les visiteurs oublient le temps dans ces lieux, en replongeant dans l’histoire.
Informations pratiques
La Medrasa Bou Inania est ouverte tous les jours de 8h30 à midi, et de 14h30 jusqu’à 18h30, sauf les vendredis où les portes ne sont ouvertes la matinée que jusqu’à midi. Quant à la tarification, l’entrée coûte 15 dirhams pour les Marocains et 20 dirhams pour les étrangers. Il est à noter que le prix d’entrée n’a pas augmenté, étant donné que le lieu est géré par le ministère des Habbous, nous explique le président de l’association, alors l’entrée à celle du même nom et qui se trouve à Meknès – qui elle est gérée par le ministère de la culture- coûte 70 dhs.