Au premier semestre de l’année courante, les marges bénéficiaires des neuf sociétés de distribution de carburants ont atteint une moyenne de 1,46 dirhams le litre pour le gasoil et 2,07 DH/l pour l’essence. Cette dynamique est constatée dans un contexte global, où les importations ont connu une hausse de 9,1% en volume, totalisant ainsi près de 1,47 million de tonnes, soit 12,89 milliards de dirhams (MMDH) en glissement annuel. Sur l’année 2023, cette marge a varié entre 0,76 DH/l et 1,38 DH/l.
Dans son rapport semestriel sur le suivi des engagements des distributeurs de gasoil et d’essence, le Conseil de la concurrence s’est focalisé cette fois-ci sur la communication par ces entreprises concernant «l’activité d’approvisionnement, de stockage et de distribution». Il ressort de cette analyse que les prix de cession, avec un impact sur les prix de vente au niveau national, suivent les tendances des cotations internationales, hormis quelques écarts pour l’essence.
Dans ce sens, le Conseil de la concurrence a noté une légère hausse des coûts d’achat des sociétés de distribution, à hauteur de 0,17 dirhams par litre pour le gasoil et 0,32 DH/l pour l’essence. Une hausse qui demeure inférieure à celle des cotations Cost, Insurance and Freight (CIF), couvrant les frais d’acheminement portuaire des produits importés. «Ces sociétés n’ont pas répercuté ces hausses enregistrées au niveau de leur coût d’achat sur leurs prix de cession. Bien au contraire, les prix de cession du gasoil ont affiché une légère baisse d’environ 0,31 DH/l», souligne le rapport.
Pour autant, le document relativise ce constat, au vu de «la durée réduite de la période examinée, portant sur un seul trimestre, et compte tenu des conclusions du Conseil de la concurrence dans son précèdent reporting concernant l’année 2023». A ce moment là, l’institution a retenu que ce marché se distinguait par «des pratiques et comportements de rattrapage appliqués par les sociétés de distribution entre les périodes de hausse et de baisse». Ainsi, le décalage s’opère dans l’application des fluctuations, «soit en lissant la répercussion de la hausse du coût d’achat, soit en différant l’application de sa baisse sur le prix de cession sur plusieurs périodes», indique l’instance.
Dans le détail, le Conseil de la concurrence retient aussi que les sociétés concernées ont importé près de 87% en volume et en valeur du total des importations du marché global. «Les importations en volume de ces sociétés ont affiché une hausse de près de 5% par rapport à la même période de l’année 2023, passant de 1,21 million de tonnes en 2023 à près de 1,27 millions de tonnes en 2024 (écart de 63 000 tonnes)», note le document. Aussi, «les importations en valeur, quant à elles, ont atteint 11,21 MMDH au 1er trimestre de l’année 2024, contre 11,53 MMDH au même trimestre de l’année 2023, soit un écart d’environ 327 millions de dirhams, et une baisse de 3%».
Des recettes fiscales en hausse
Dans un autre registre, le Conseil de la concurrence fait savoir que les recettes fiscales d’importation des carburants ont totalisé près de 6,45 milliards de dirhams (MMDH) sur le trimestre de l’année courante, avec une progression de 6,7% (400 millions de dirhams) par rapport à la même période en 2023 (6,05 MMDH).
Selon l’institution, cette évolution est expliquée par la hausse des recettes de la taxe intérieure de consommation (TIC), avec l’augmentation des volumes d’importation de ces deux carburants (9%). Aussi, la même source note que le premier semestre de 2024 est marqué par «des tendances de variations hétérogènes des cotations CIF par rapport au prix de vente à la pompe, aussi bien pour le gasoil que pour l’essence».
L’année dernière, le Conseil de la concurrence a dressé une analyse globale du marché du gasoil et d’essence, avec une notification des griefs a été adressée aux neuf sociétés et à leur association professionnelle. Les services d’instruction ont estimé disposer d’éléments probants sur l’existence de pratiques anticoncurrentielles, contraires aux dispositions de l’article 6 de la loi 104.12 relative à la liberté des prix et de la concurrence. L’institution a alors infligé une amende de 1,8 MMDH aux entreprises concernées.