«La malédiction coloniale – Relations entre l’État marocain et le Rif» est l’ouvrage du journaliste belgo-marocain Yassin Akouh, qui consacre cette œuvre à une région du Maroc connue pour la figure historique de Mohamed ben Abdelkrim el-Khattabi (1882 – 1963). Dans cet opus paru aux éditions Houtekiet, l’auteur flamand et activiste de 24 ans plonge dans des archives précieuses pour analyser l’impact du résistant rifain sur l’Histoire régionale, sur l’identité locale et sur les mouvements sociaux.
L’ouvrage reste pour autant moins exhaustif sur les événements de la région après le retrait de la colonisation et du Protectorat. Toujours est-il que Yassin Akouh propose une lecture factuelle de la lutte anticoloniale et de certaines questions contemporaines, montrant que El-Khattabi incarne un symbole intergénérationnel, pour les nationaux comme pour les binationaux originaires du Rif.
Illustrant ce contexte, De Standaard rappelle que vers la fin 2013, Anvers a été marquée par une dynamique révélatrice. Cette année-là, les habitants de Borgerhout ont été consultés, en vue de renommer la place de Terloplein. Dans ce quartier connu pour sa forte présence de la communauté marocaine, l’une des propositions alternatives a été le nom d’El-Khattabi, en hommage au légendaire leader de la résistance rifaine marocaine qui a mené un soulèvement armé contre les colonisateurs espagnols dans les années 1920.
L’initiative a suscité un vif débat politique, jusqu’à remettre en question l’intégration des binationaux. Finalement, la place a conservé son appellation. Par ailleurs, Yassin Akouh mène des reportages sur le Hirak du Rif débuté en 2016. Il en ressort avec un constat sur l’omniprésence de la figure de «l’émir», d’où son choix de rattacher l’Histoire des mouvements vécus dans la région à son célèbre leader.
A ce titre, l’auteur aborde le soulèvement anticolonial de 1920-1926 de manière exhaustive, la lourde défaite de l’armée espagnole, puis le recours de cette dernière aux armes chimiques, accélérant la reddition du leader nationaliste et la chute de la République du Rif.
Yassin Akouh mentionne les écrits et les interviews de l’émir, exilé par les Français en 1926 à La Réunion, avant d’y échapper pour s’installer en Égypte, jusqu’à sa mort.