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La Koutoubia est algérienne et le Sahara occidental un condominium algéro-marocain [Edito]

La Koutoubia est algérienne et le Sahara occidental un condominium algéro-marocain [Edito]


Rachid Nekkaz aime les coups d’éclat. Homme d’affaires sans affaires, politicien sans électeurs, prisonnier sans martyr, il s’est fait un nom en France et en Algérie à coups de buzz médiatiques et de provocations opportunistes. Son dernier terrain de jeu ? L’histoire. Depuis Marrakech, il tente de réécrire le passé en offrant aux nationalistes algériens un os à ronger : la mosquée de la Koutoubia aurait été construite par un «sultan algérien».

L’argumentaire de Nekkaz, né à Villeneuve-Saint-Georges, en France, s’appuie sur un raisonnement simpliste : Abdelmoumen, fondateur de l’empire almohade et bâtisseur de la Koutoubia, est né à Nedroma, une ville aujourd’hui en Algérie. Donc, selon lui, la célèbre mosquée de Marrakech est algérienne. C’est oublier qu’au XIIe siècle, ni l’Algérie ni le Maroc n’existaient en tant qu’États-nations. C’est aussi méconnaître l’histoire des Almohades, une dynastie qui, comme les Almoravides avant eux, a toujours placé ses capitales et ses centres de pouvoir dans l’ouest du Maghreb, soit le Maroc actuel.

Par cette logique absurde, les arabes du Moyen-Orient devraient revendiquer le Royaume de Fès, fondée par Idriss Ier, un exilé venu de Médine. L’histoire ne se découpe pas en frontières modernes. Mais ce genre de raccourcis plaît aux nationalistes en mal de fierté, et Rachid Nekkaz l’a bien compris.

Un opportunisme politique cousu de contradictions

En bon bateleur, Nekkaz jongle entre les concepts selon ce qui sert son discours du jour. D’un côté, il rejette les frontières héritées du colonialisme pour prôner un Maghreb uni et sans divisions. De l’autre, il les invoque pour annexer symboliquement des pans entiers du patrimoine marocain. Curieusement, son indignation ne s’étend pas à la partition du Maroc opérée par la France, qui a amputé le royaume des régions de Touat, Tindouf et Béchar pour les rattacher à l’Algérie.

Mais là où le politicien pacifiste pro Union du Maghreb dévoile ses intentions plus nationalistes, c’est lorsqu’il propose une «co-souveraineté algéro-marocaine» sur le Sahara occidental, c’est à dire un condominium. Une idée sortie de nulle part, qui contredit même la position officielle de l’Algérie, laquelle prétend ne pas être partie prenante au conflit. En suggérant que l’Algérie cogère un territoire qu’elle n’a jamais administré, ni revendiqué, Nekkaz fait ce qu’il sait faire de mieux : jeter un pavé dans la mare et observer le chaos qui s’ensuit.

Le buzz avant tout

Derrière cette pseudo-conférence historique, il ne faut pas voir une base pour un débat politique sérieux, mais un énième coup médiatique à la manière d’un Youtubeur. La vidéo a été largement relayée par des comptes nationalistes algériens sur les réseaux sociaux, présentée comme une «victoire symbolique» sur le Maroc. La recette est connue : un mélange de révisionnisme historique, de nationalisme exacerbé et d’anti-marocanisme primaire, le tout servi par un personnage qui aime cultiver l’ambiguïté.

Mais la ficelle est grosse. Derrière ses discours sur l’unité maghrébine et la paix entre les peuples, Nekkaz alimente en réalité la fracture entre les deux pays. Il ne tend pas des ponts, il creuse des fossés. Il ne rapproche pas les peuples, il les divise en servant aux Algériens une histoire à la carte, calibrée pour flatter leur orgueil national. A défaut d’un «khawa khawa» (nous sommes des frères), Rachid Nekkaz est devenu l’incarnation du «khwa l khawi» (le vide sidéral).





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