La Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) a lancé, mardi 29 avril, une capsule sur la «Représentation des femmes dans l’information au Maroc, enjeux d’égalité citoyenne et d’inclusion démocratique». Dévoilée lors d’un atelier de réflexion réunissant des professionnels du secteur, cette vidéo de sensibilisation s’oriente vers «les enjeux sociaux, culturels et démocratiques de la juste représentation des femmes dans l’information».
Dans ce sens, la HACA a fait savoir que cette initiative était le fruit d’une contribution des membres du Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA), du régulateur, de la présidente du Groupe de travail thématique sur l’égalité et la parité au sein de la Chambre des représentants, ainsi qu’un représentant du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), un du ministère de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille, des journalistes, des responsables éditoriaux des radios et des télévisions marocaines publiques et privées, en plus d’acteurs de la société civile et des spécialistes dans le numérique.
Par ailleurs, cet atelier thématique a permis un espace d’échanges collaboratifs sur les facteurs qui accentuent la sous-représentation et la mal-représentation des femmes dans l’information. Dans ce sens, les intervenants ont identifié des leviers d’action et quelques bonnes pratiques pour un contenu informatif équilibré et qualitatif, inclusif et sensible à la diversité.
La mal-représentation s’imbrique à la sous-représentation
Dans le cadre de cette séance, les interventions ont ainsi mis l’accent sur «le caractère indispensable d’une représentation médiatique de la femme qui soit à la fois équitable et éthique, pour faire évoluer les mentalités et la perception des normes sociales et favoriser l’appropriation collective des réformes importantes, telles que celle du Code de la famille dans laquelle le Maroc est engagé». Dans le même registre, la HACA a insisté sur le «postulat que l’information est une ressource essentielle au bon fonctionnement de la démocratie».
Présentant des chiffres sur la base des études réalisées par la HACA dans le cadre du Projet mondial de monitorage des médias, Latifa Akharbach, présidente de l’instance, a également dressé des constats sur la représentation dans l’information audiovisuelle et la photo de presse. En plus d’être sous-représentées, les femmes sont souvent mal-représentées, dépeintes à travers des biais en phase avec l’assignation aux rôles stéréotypés et les perceptions classiques, voire dégradantes, ou encore dans des situations d’infériorité.
Selon la présidente de l’instance, ces questions remettent en avant plus que jamais le rôle d’une information de qualité, encore plus dans le processus électoral qui, porté à l’écran, s’avère reproduire la norme. Cités dans cet exposé, les résultats d’une étude HACA-GMMP 2020 révèlent qu’au rythme considérablement lent et pratiquement stagnant de l’évolution de ces représentations, «il faudra attendre 2087 pour que les femmes soient sujets des informations autant que les hommes».
Dans le monde, la tendance globale confirme que la représentation des femmes en tant que sujet ou source de l’information reste minime. A la télévision, elles ont été de 21% au niveau national et 24% au niveau mondial. Ce chiffre a atteint respectivement 22% et 26%, en 2020. A la radio, elles ont été respectivement de 16% et 21% en 2015, pour baisser à 13% au Maroc en 2020 (23% dans le monde).
Les femmes représentées dans 6% de l’offre d’information politique
A titre comparatif avec les autres médias, la représentation des femmes dans la presse écrite nationale a même connu un net recul, passant de 23% en 2015 (26% dans le monde) à 16%, au bout de cinq ans. En 2015, les femmes ont été absentes des sites web d’information au Maroc et ont représenté 25% dans le monde. En 2020, elles sont de 18% dans le pays et 28% à l’internationale.
Comme sujet ou source de l’information au Maroc, il s’avère ainsi que «les femmes sont largement minoritaires, quel que soit le support». Pour autant, leur proportion reste plus élevée à la télévision (22%), tandis qu’elles sont les plus sous-représentées dans l’information radiophonique.
Dans son intervention, Latifa Akharbach a souligné que la faible représentation des femmes comme sujet ou source d’information dans l’actualité politique et gouvernementale «est d’autant plus significative que cette thématique est globalement la plus importante de l’offre d’information des médias en 2020». Sur les 30% que ces contenus représentent de l’offre, les femmes représentent 6% seulement.
Dans ce contexte, la présidente de la HACA a souligné que la capsule de sensibilisation sera diffusée «essentiellement sur les réseaux sociaux», dans le prolongement des efforts de renforcement et de réflexion, en interaction avec les évolutions de la société marocaine, de la culture de la régulation des médias, fondée sur les droits humains.