Le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle (CSCA) relevant de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) a classé les signalements qui concernent le concert du rappeur ElGrande Toto, diffusé sur 2M. Dans le cadre du 20e festival Mawazine – rythmes du monde, tenu du 20 au 28 juin 2025 à Rabat et à Salé, le spectacle transmis sur la télévision publique a été suivi de plus de 190 plaintes auprès du régulateur, du 2 au 7 juillet. Le classement a été décidé à l’issue de la réunion plénière, considérant que «l’évaluation de la qualité des œuvres artistiques, notamment musicales et l’autorisation de leur diffusion dans l’espace public, ne font pas partie des prérogatives de la HACA».
Les plaintes reçues ont pointé «des expressions et des scènes contraires aux bonnes mœurs et à la moralité publique, pouvant avoir un impact négatif sur l’éducation des jeunes». A ce titre, la décision de la HACA a rappelé que le mandat du régulateur consistait à veiller à «ce que les différents contenus diffusés par les médias audiovisuels, en particulier par le service public, s’inscrivent dans le respect des lois encadrant la communication audiovisuelle dans notre pays, des valeurs démocratiques et des droits fondamentaux des publics».
«Dans le modèle marocain de régulation indépendante et fondée sur la liberté d’expression, le régulateur n’a ni vocation à censurer la création et l’expression artistiques, ni à interférer dans les choix éditoriaux des opérateurs relatifs à l’ensemble des contenus qu’ils diffusent», ajoute l’instance. Par ailleurs, la décision rappelle que «le service public de l’audiovisuel a un devoir d’inclusion et d’interaction avec toutes les catégories du public, y compris à travers la prise en compte des pratiques culturelles et des codes d’expression des jeunes générations».
La HACA ajoute que «pour certains contenus, y compris la fiction et la chanson, il est pertinent de garantir par le service public, un contexte de diffusion adapté par le biais notamment de l’usage de la signalétique et la prise en compte de la nature de l’audience». Bien que le concert de rap ait été diffusé après 23h05, le régulateur fait savoir que «ces principes de vigilance seront rappelés à l’opérateur».
Rappelant également le «principe de proportionnalité qui fonde la régulation des médias», l’instance souligne qu’«il y a lieu non pas de censurer un artiste et de stigmatiser son public, mais d’inciter les opérateurs, au nom du discernement éditorial et de l’obligation de contextualisation, à renforcer leur usage des mesures prévues par les cahiers de charges pour garantir à la fois la liberté d’expression, la diversité culturelle et la protection des publics».