Ce lundi 19 novembre, la cour d’appel régionale de Madrid a rejeté la plainte du Maroc contre le journaliste Ignacio Cembrero, qui accusait les services de renseignement marocains d’avoir piraté plusieurs téléphones, y compris le sien, en utilisant le logiciel espion Pegasus, développé par Israël.
La cour a confirmé la décision du tribunal de première instance rendue en mars 2023, décision contre laquelle l’avocat du Royaume du Maroc, Ernesto Díaz-Bastien, avait fait appel. La cour d’appel a précisé que le jugement initial était «pleinement justifié».
Dans son arrêt de 12 pages, la cour a détaillé les raisons pour lesquelles d’autres juridictions espagnoles, y compris la Cour suprême, avaient estimé que le Maroc ne pouvait invoquer le droit à l’honneur avec une «accusation vide», précisant que la véritable protection de ce droit relevait de la «loi organique sur la protection du droit à l’honneur». Or, cette législation ne s’applique pas aux «entités de droit public» telles que le Royaume du Maroc, qui n’ont pas droit à l’honneur en Espagne ni en Europe, indique elconfidencial.
Le 18 juillet 2021, Forbidden Stories avait révélé une liste de propriétaires de centaines de téléphones présumés piratés «par le Maroc via Pegasus», incluant des personnalités de premier plan comme le président français Emmanuel Macron et 14 de ses ministres, ainsi que des journalistes, des défenseurs des droits humains, des expatriés marocains et des dirigeants du Front Polisario. La cour a noté que parmi cette liste, seulement trois numéros étaient espagnols, dont celui de Cembrero. En mai 2022, le journal britannique The Guardian avait également rapporté que Forbidden Stories enquêtait sur 200 autres numéros espagnols qui auraient été ciblés par «le Maroc via Pegasus», sans toutefois révéler ces numéros.
De son côté, Cembrero a affirmé dans plusieurs interviews que «le Maroc est le seul pays susceptible d’être intéressé à espionner [sa] personne», en raison de son travail journalistique dans le Maghreb et au Moyen-Orient.