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La côte marocaine fait exhumer l’épave d’un navire pirate barbaresque du XVIIe siècle


Un groupe de chercheurs d’épaves a découvert un vieux bateau pirate au large des côtes marocaines. Il s’agirait d’un navire daté du XVIIe siècle des côtes barbaresques, qui aurait fait son départ de l’Afrique du Nord pour opérer en Méditerranée.

L’épave est la première du genre à avoir été découverte près de la côte des Barbaresques, nom donné aux régions côtières du centre et de l’ouest de l’Afrique du Nord, ou plus précisément au Maghreb et aux zones frontalières ottomanes (régences d’Alger, de Tunis et de Tripoli), ainsi que du Sultanat du Maroc du XVIe au XIXe siècle. Provenant d’un exonyme des Berbères, ce terme est associé aux pirates barbaresques actifs en Méditerranée, qui s’en prennent aux navires européens et font leurs passagers esclaves.

Localisée en eau profonde dans le détroit de Gibraltar, à mi-chemin entre le Maroc et l’Espagne, l’épave du corsaire est «la première d’Alger découverte au cœur de la Barbarie», ont déclaré lundi à Live Science l’archéologue maritime Sean Kingsley et le rédacteur en chef du magazine Wreckwatch, qui a publié des détails sur cette découverte dans un nouveau numéro.

Au moment du naufrage, l’embarcation retrouvée sous l’eau était lourdement armée et se dirigeait vraisemblablement vers la côte espagnole, selon les chercheurs d’épaves. Le navire transportait également des casseroles et des poêles, qui auraient été fabriquées à Alger, pour camoufler son apparence et faire croire qu’il s’agissait d’un navire marchand ordinaire. Les pirates l’auraient utilisé pour attaquer d’autres navires faire toujours plus de captifs, a ajouté la même source.

L’histoire des corsaires en Afrique du Nord

L’épave du corsaire a été localisée pour la première fois en 2005 par la société floridienne Odyssey Marine Exploration (OME), lors de manœuvres pour retrouver les restes du HMS Sussex, un navire de guerre anglais de 80 canons disparu en 1694 dans la région. «Comme cela arrive souvent en cherchant une épave donnée, nous avons trouvé de nombreux sites jamais vus auparavant», a déclaré à Live Science Greg Stemm, le fondateur d’OME et le chef de l’expédition.

Les détails du navire coulé au large du Maroc viennent d’être dévoilés dans un nouvel article de Stemm dans Wreckwatch, après des recherches historiques approfondies, a ajouté la même source. L’épave repose dans le fond marin du détroit de Gibraltar, à une profondeur d’environ 830 mètres. Live Science indique qu’il s’agit d’une tartane de 14 mètres de long, conçue pour avoir un profil bas lors de la navigation à proximité d’autres bateaux.

«J’ai déjà vu des tartanes décrites comme des ‘bateaux pirates de bas niveau’», a déclaré Kingsley. Pour explorer le navire coulé, les chercheurs ont utilisé un véhicule télécommandé (ROV), révélant qu’il transportait quatre gros canons, 10 canons pivotants et de nombreux mousquets pour son équipage d’environ 20 pirates. «L’épave correspond parfaitement au profil d’un corsaire de Barbarie en termes d’emplacement et de caractère», a encore déclaré Kingsley. «Les mers autour du détroit de Gibraltar étaient les terrains de chasse des pirates par excellence. Un tiers de toutes les prises de corsaires y était réalisé», fait-il savoir.

Selon Stemm, le navire était également équipé d’une «longue-vue», un télescope de type ancien. «Si l’on ajoute à l’épave une collection de bouteilles de liqueur en verre fabriquées en Belgique ou en Allemagne, et des bols à thé fabriqués en Turquie ottomane, l’épave paraît très étrange», a-t-il déclaré, soulignant que «ce n’était pas un navire marchand côtier nord-africain ordinaire».

La découverte de ce navire en dit long sur l’histoire de l’Afrique du Nord, où des corsaires venus du Maroc, d’Algérie, de Tunisie et de Tripoli ont sévi dans la Méditerranée et l’Atlantique, pillant des navires et réduisant des populations en esclaves. Les pirates ont même mené une série de batailles contre les Etats-Unis, la Suède et la Sicile.

Le Maroc a d’ailleurs été le foyer de la première république fondée par des pirates. Bien que de courte durée, la République de Salé s’est fait connaître comme une entité redoutable. Durant le XVIIe siècle, ses principales activités commerciales se sont fondées sur la traite des esclaves barbaresques et la piraterie.





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