En octobre dernier, la Cour de justice de l’UE a annulé les accords de pêche et d’agriculture signés en 2019 entre l’UE et le Maroc, au motif qu’ils ont été conclus sans « le consentement du peuple du Sahara occidental ». Toutefois, la juridiction communautaire a accordé une marge d’un an avant l’application de cette décision afin d’éviter « de graves conséquences négatives pour l’action extérieure de l’Union ».
Les agriculteurs espagnols expriment des craintes quant à cette période supplémentaire accordée, au cours de laquelle ils continueront de subir la concurrence déloyale du Maroc. D’après Andrés Góngora, responsable des fruits et légumes à la Coordination des organisations d’agriculteurs et d’éleveurs (COAG), la main-d’œuvre revient moins cher au Maroc, alors qu’elle représente 50 % du coût total de la production en Espagne. « Le salaire journalier au Maroc est d’environ 8 euros, alors qu’ici le coût horaire est de dix euros », explique-t-il auprès de El Debate.
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Il ajoutera : « La réglementation phytosanitaire marocaine permet également l’utilisation de produits pour lutter contre les ravageurs illégaux en Europe, donc c’est plus facile pour eux de produire, car ils ont plus d’outils. La marge de manœuvre budgétaire est également très bénéfique ». Dans les années 70, le roi Hassan II a adopté une fiscalité incitative pour encourager les producteurs étrangers de fruits et légumes à s’installer à Dakhla, dans le Sahara marocain, dont les terres sont favorables à la culture des tomates, des melons et des agrumes.
Depuis des années, les agriculteurs espagnols n’ont cessé de dénoncer la fraude sur l’étiquetage des tomates marocaines dont 80 % sont produites à Dakhla, avant d’être transportées à Agadir où elles sont mélangées au reste de la production, ce qui rend impossible l’identification de leur origine.
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Selon les données du COAG, les importations de tomates marocaines dans l’UE ont considérablement augmenté au cours des dernières années. En 2022, elles représentaient 48 % du total des importations. Au cours du dernier quart de siècle, les importations de légumes marocains dans l’UE ont augmenté de 150 %. Une importation massive qui a porté préjudice à la production espagnole de tomates qui a chuté de 2 200 hectares en seulement cinq ans à Almeria.