Cette année, le Pardon des Sept Dormants en Bretagne prend les allures d’une communion entre deux univers monothéistes qui se rencontrent, à l’occasion du 70e anniversaire de ce pèlerinage islamo-chrétien. Inauguré en 1954 par l’islamologue Louis Massignon, cet événement séculaire est célébré du 26 au 28 juillet 2024 dans la commune du Vieux-Marché (Côtes-d’Armor). Chaque année, il s’organise le quatrième week-end du mois de juillet. Pour présider le pardon, l’anniversaire symbolique connaît la présence de monseigneur Denis Moutel, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, ainsi que du cardinal Cristóbal López-Romero, archevêque de Rabat venu du Maroc pour l’occasion.
Dans le cadre de ces célébrations, une «pierre Massignon» reproduisant une médaille en bronze à l’effigie du fondateur de l’événement est inaugurée. Le pèlerinage a commencé le soir de vendredi 26 juillet, à Yaudet, pour ensuite faire escale à Lannion durant la nuit. Il s’est poursuivi samedi au château de Tonquedec, pour faire route pour les Sept-Saints, rapporte Le Pèlerin. Le programme des trois jours de marche est marqué aussi par une procession, des chants et un feu de joie, conformément à la tradition du pardon breton.
Samedi, une rencontre s’est par ailleurs tenue sur le thème «Louis Massignon et la paix dans la justice – Et aujourd’hui?». Elle a connu la présence de l’anthropologue Manoël Pénicaud, du pasteur catholique au Maroc Mgr López-Romero, du formateur Hocine Sadouki et du fondateur de l’association Relief and Reconciliation Friedrich Bokern.
La même source rappelle que ce pèlerinage islamo-chrétien puise sa source dans «une scène racontée dans le Coran (sourate 18 dite sourate des Gens de la caverne) et concernant sept chrétiens qui, ayant refusés de renier leur religion, furent emmurés vivants dans une caverne près de la ville d’Ephèse par l’empereur romain Dèce (IIIe siècle ap. J.-C.) et se réveillèrent deux cents ans plus tard».
Partout dans le monde, les régions connues pour leurs fortes présences musulmane et chrétienne rassemblent «des dizaines de sites liés au culte des Sept Dormants», témoignant ainsi du «rayonnement de cette légende». Depuis 70 ans, les deux communautés se regroupent ainsi pour «célébrer une histoire commune».
Pour Louis Massignon, les Sept Dormants sont justement «des passeurs entre le christianisme et l’islam». Ils restent aussi «les témoins anticipés de la résurrection des corps».