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« j’étais comme un esclave »



« J’étais un jeune homme vraiment heureux, je me sentais bien, j’étais très motivé », se souvient Oussama, jeune Marocain de 20 ans, arrivé à Bordeaux en quête d’une vie meilleure. Mais une fois au domicile de son exploitante, censée l’héberger, il perd ses illusions. « Il y avait ses enfants et des ouvriers dans une maison en très mauvais état. Elle m’a emmenée dans une chambre, sale, où il y avait six personnes. Je voulais partir, mais c’était mon premier jour », raconte-t-il à franceinfo. Oussama a une charge de travail énorme. « On commençait le travail à 8 heures, sans tenue de sécurité, en short et en tee-shirt. Je travaillais tous les jours, entre 9 et 11 heures par jour, avec une température qui atteignait les 36 degrés, précise le jeune Marocain. Sans nourriture et sans argent, on décidait pour moi de ce que j’allais faire dans la journée, je n’avais aucune marge de manœuvre. »

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À force de travailler sous fortes chaleurs, son état de santé se dégrade. « Un jour, j’ai très mal à la tête, je demande à voir un médecin, mais on me dit de dormir un peu pour aller mieux, car ici je n’ai pas le droit ». Le jeune travailleur décide de marcher plusieurs kilomètres à pied pour prendre le bus jusqu’à l’hôpital le plus proche. « Après plusieurs scanners, un médecin m’a donné un papier pour acheter des médicaments, mais je n’ai pas pu les acheter comme je n’avais pas d’argent. » Au fil du temps, les relations avec son employeur se détériorent. Oussama n’a pas le droit de visiter les alentours sur ses temps de repos. « Elle me disait : ‹Tu n’es pas en vacances ici, tu dois faire attention à la police, car si elle te voit elle te renverra au Maroc›. Cela a continué tout l’été, dans des conditions inhumaines. »

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À en croire le jeune travailleur, l’exploitante a même menacé d’entraver l’obtention de son permis de séjour. « Sur mes temps de repos, je n’avais pas le droit de bouger. Tu es comme un esclave, tu travailles ou t’es à la maison, sinon tu retournes au Maroc ». Oussama n’est pas le seul travailleur à se trouver dans cette situation dans cette exploitation située à Espiens dans le Lot-et-Garonne. On en dénombre une vingtaine. Tous espèrent obtenir réparation lors de l’audience qui s’est ouverte ce mercredi 18 décembre, au tribunal correctionnel d’Agen. Ces travailleurs accusent la prévenue, une exploitante agricole devenue sous-traitante pour d’autres agriculteurs, de les avoir fait venir en France via des relations au Maroc.

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La prévenue est également accusée d’avoir exigé des familles de ces jeunes hommes de payer des sommes considérables, parfois jusqu’à 10 000 euros, pour leur offrir une chance de travailler en France. « Dans cette affaire, on parle principalement de traite d’êtres humains, le fait d’exploiter un individu pour avoir un avantage, là en l’occurrence le travail sans rémunération, précise Sylvia Goudenège-Chauvin, l’avocate d’Oussama. Ce sont des familles qui vont utiliser toutes leurs économies pour faire venir leurs enfants ici, en se disant qu’au moins, ils auront un avenir meilleur. La réalité, elle, est tout autre. »



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