Au verso de l’emballage d’un paquet de « Délice de dinde » halal de la marque Isla Délice acheté dans un supermarché, Faïza Ghraïri se renseigne sur les ingrédients : « viande de dinde halal (origine UE) 68,7 % », commence-t-elle par lire. « 68 %, ce n’est pas beaucoup quand même ! Et c’est quoi le reste ? », se demande la patronne de la boucherie-charcuterie halal Molati, à Roubaix. Ensuite, de l’eau, de la fécule de pomme de terre, des protéines de soja. « Je ne mets pas de l’eau dans mes blancs de poulet », affirme-t-elle.
On retrouve presque la même composition chez Réghalal, le concurrent d’Isla Délices : 67 % de dinde, de l’eau, de la protéine de soja et, à la place de la fécule de pomme de terre, de l’amidon de maïs. « Moi, déjà, j’utilise des cuisses et des filets de poulet. C’est plus cher mais c’est moins sec que la dinde », confie Faïza Ghraïri auprès du journal Le Parisien. En plus du sel et du sucre, le « Délice de dinde » contient six additifs, dont des stabilisants, des antioxydants et des conservateurs. « Ça reste des produits chimiques qu’on met dans notre corps donc ça n’est pas forcément bon pour notre santé », fait-elle remarquer.
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La bouchère-charcutière alerte aussi sur la présence dans ce produit du E250, le nitrite de sodium. « Cet additif est un facteur de risque énorme pour les cancers colorectaux, le deuxième cancer le plus mortel », précise-t-elle. Pourtant, la majorité des industriels n’utilisent plus cet additif dans la préparation des jambons de porc traditionnels. Une situation de deux poids deux mesures que dénonce Faïza Ghraïri : « C’est une honte. »
« J’ai été formée chez des artisans traditionnels qui vendent du porc. Le jambon de porc, ça fait partie de la culture française, c’est notre patrimoine ! C’est génial ! », raconte-t-elle. Et d’ajouter : « Mais parents sont venus de Tunisie pour travailler. J’ai donc découvert la charcuterie très tard. J’avais des copains et des copines qui se faisaient des sandwichs de jambon et moi j’étais là : « Maman ! Ça a l’air bon, ça ! » Et elle me répondait : « Mais non, tu ne peux pas, c’est du porc. » Et c’est comme ça que les industriels ont compris qu’il y avait un marché énorme avec la charcuterie halal. Et parmi ces gens-là, il y a des personnes qui veulent leur part du gâteau et qui sont sans scrupule… Je pense qu’il va falloir se réveiller ».