A 35 kilomètres de Safi, à Cap Cantin (ou Cap Beddouza), dans la commune de Beddouza, des lieux se distinguent, chargés de légendes et représentent une véritable richesse du patrimoine nationale. Après la grotte du Studieux, et Sidi Ahmad Chachkal, direction le phare du Cap Beddouza.
Le phare a été édifié entre 1914 et 1916 et est «le deuxième phare de l’Atlantique centre-est», déclare à Yabiladi l’anthropologue Fouad Rehouma. Dès son plus jeune âge l’homme de 62 ans tombe amoureux de cet endroit prisé surtout par les pêcheurs. Bien des années plus tard, il construit une maison à quelques pas du phare. Il qualifie l’endroit de «presqu’île finistérienne en pays des Abdas». Le chercheur précise que le lieu «conjugue l’immatériel au matériel» et «représente un patrimoine au sens plein du terme».
«Que l’on soit marin ou pas, cet imposant édifice incarne historiquement notre relation à la mer. Une relation qui a forgé la pluralité de notre identité. Que ce phare rayonnant au loin, illumine toujours notre ancrage dans la profondeur de l’histoire de l’humanité ainsi que nos idéaux en un avenir meilleur.»
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Cap Soloeis
Ce site «mythique» a souvent «décidé de l’écriture de l’histoire». Fouad Rehouma rappelle qu’en l’an 480 avant J-C, «Hanon (explorateur carthaginois connu pour sa supposée exploration navale de la côte ouest de l’Afrique, ndlr) s’y installa, l’éclairant et y édifiant même un autel en hommage à Poséidon (dieu de la mer et des océans dans la mythologie grecque, ndlr)». Le Cap Cantin était alors nommé «Cap Soloeis».
Plus tard, vers la fin de l’antiquité classique, «la toponymie changea pour devenir ‘’conte’’». Selon Léon l’Africain, cité par l’anthropologue, «une ethnie de gothiques d’Espagne s’était installée dans notre contrée pour y fonder un embryon d’agglomération urbaine». Cap Beddouza a été récemment adopté par l’administration centrale, du nom d’un village de pêcheurs situé non loin de là.
A 35 kilomètres de Safi, à Cap Cantin, dans la commune de Beddouza se trouve le phare du Cap Cantin. / Ph. Marocopedia
Style Almohade
Le phare du Cap Beddouza s’inspire largement des kasbah marocaines et «dispose d’une enceinte carrée dotée de nombreux créneaux, de quatre tours carrées et un chemin de ronde de plus de cinq mètres où on peut aligner cinq chevaux pour un galop de fantasia», décrit l’homme de 62 ans. Et d’ajouter : «Au centre de la grande cour, se dresse une tour carrée telle un minaret andalous de style almohade du 11ème siècle. Au sommet une lanterne de Fresnel, bifocale de grand diamètre, autrefois alimentée au gaz d’huile, puis un générateur électrique, pour aujourd’hui être reliée au secteur.»
Autour de la kasbah, le phare dispose de quatre habitations pour les gardiens d’autrefois et une maison de fonction pour le technicien en chef. «Quatre grandes salles vides, de plus de 100m2, peuvent accueillir des expositions liées à l’histoire des phares du Maroc et des différents mécanismes d’éclairage, d’ici et d’ailleurs», déclare, inspiré l’anthropologue.
Ce dernier espère que le monument du phare soit «classé parmi les biens patrimoniaux de la nation».
Au sommet une lanterne de Fresnel, bifocale de grand diamètre. / Ph. Marocopedia