Sur Internet, elle est connue pour sa positivité rayonnante. Imane Fatih partage des recettes, des conseils, des astuces et répond aux questions des personnes souhaitant visiter ou s’installer en Turquie, où elle vit depuis douze ans.
Originaire d’El Jadida, Imane a décroché sa licence en littérature anglaise à l’université de sa ville natale, en 2012. Rêvant grand, elle s’est installée à Izmir tout de suite après, sur la côte égéenne de la Turquie.
Vivant avec son mari, elle s’est rapidement inscrite à un master pour enseigner l’anglais. L’adaptation à son nouvel environnement s’est faite sans difficultés. En seulement six mois, a appris à parler couramment le turc. «J’ai appris à parler aux gens, à ma belle-famille, aux amis que je me suis faits à l’école et au travail – je me suis rapidement adaptée», a-t-elle fièrement confié à Yabiladi.
Une longue carrière dans l’enseignement
Pendant neuf ans, Imane s’est consacrée à l’enseignement. Titulaire d’un master en pédagogie, elle a donné des cours l’anglais, dans sa ville de résidence. «Avec de longues heures, les journées étaient difficiles, mais cela m’a permis d’acquérir beaucoup d’expérience en termes de relations humaines et de travail en lui-même. J’en ai beaucoup profité», nous a-t-elle déclaré.
Après la crise sanitaire de Covid-19, Imane a décidé de quitter son emploi dans les écoles privées, pour deux raisons principales : se consacrer à sa fille en bas âge, et la situation économique en Turquie. «Après la pandémie, j’ai donné des cours durant un an encore, mais j’ai décidé d’arrêter car la charge de travail était disproportionnées par rapport au salaire, surtout avec l’inflation», nous a confié la jeune mère.
Sans se décourager, Imane a continué à enseigner mais a opté pour des cours en ligne. Sa plateforme a attiré des étudiants du monde entier, dont de nombreux localisés en Turquie. «J’enseigne à des étudiants venus de partout. J’ai construit un réseau solide grâce à mon expérience dans les grandes écoles turques», explique-t-elle.
Parallèlement, Imane a trouvé un autre moyen de partager ses passions. Au début, elle a commencé à envoyer des vidéos à sa famille qui se trouve au Maroc, pour raconter sa vie en Turquie, faire partager des recettes et des activités quotidiennes. Petit à petit, elle s’est tournée vers les réseaux sociaux.
«J’envoyais toujours des photos de plats, de sorties et d’activités quotidiennes à ma famille au Maroc. Mes proches m’en demandaient toujours plus. Nous avons même créé un groupe WhatsApp où j’envoyais des photos. Ils m’ont encouragées à créer une chaîne YouTube ou une page Instagram.»
Imane Fatih
C’est ainsi qu’Imane s’est lancée sur les réseaux sociaux à grande échelle. Elle partage son quotidien de jeune mère qui travaille en Turquie, ce qui a attiré un nombre grandissant d’abonnés. A sa grande surprise, son contenu a suscité un engouement très large. «Je ne m’attendais pas à ce que les internautes soient si nombreux à apprécier ces contenus et à me faire des retours aussi positifs. Je leur suis très reconnaissante, car je fais tout cela sincèrement», a-t-elle dit.
Des contenus qui déconstruisent les stéréotypes
Sa présence en ligne reste fidèle à qui elle est. A travers ses vidéos sur «Marocaine Turque», Imane recrée l’atmosphère de son pays natal qui lui manque en Turquie, tout en aidant d’autres personnes dans des situations similaires à travers le monde. «Je veux juste rester moi-même, partager ce que j’aime et ce que je n’aime pas. Si quelque chose ne fonctionne pas pour moi, je ne le recommanderai pas à mes followers. Je veux être honnête, surtout avec les gens qui me font confiance», affirme-t-elle.
En plus de son public marocain et de la communauté marocaine en Turquie, Imane crée du contenu en turc pour les locaux curieux d’en savoir plus sur la cuisine et de la culture marocaines. Pour la mère de famille, la représentation est importante. «J’aime partager ma culture avec les gens qui m’entourent ici, et je suis si fière d’être marocaine», nous affirme-t-elle.
Par la même occasion, Imane remet en question les stéréotypes sur les femmes marocaines en Turquie. «Je veux encourager les filles à étudier et à poursuivre un avenir meilleur à l’étranger ; si elles ne le trouvent pas là où elles sont», a-t-elle déclaré. De son côté, elle s’efforce de montrer au monde que «les femmes marocaines peuvent étudier, obtenir des diplômes, acheter leur propre maison et leur propre voiture, voyager et fonder une famille».