À Paris, la justice poursuit l’instruction sur la disparition de Mehdi Ben Barka, enlevé en 1965 devant la brasserie Lipp, à Paris. Son fils, Bachir Ben Barka, a été entendu récemment comme partie civile. L’audition a duré deux heures.
Il affirme que «l’enquête n’est pas au point mort» et salue l’engagement de la juge actuelle. «En un an, elle s’est imprégnée du dossier et elle veut mener des investigations», a-t-il déclaré à l’AFP.
L’affaire, ouverte depuis 1975, est la plus ancienne instruction en cours en France. Mehdi Ben Barka, figure du mouvement anticolonialiste et opposant au roi Hassan II, n’a jamais été retrouvé. Il avait été condamné à mort par contumace au Maroc.
Un procès en 1967 avait révélé l’implication des services marocains, avec l’aide de policiers et de criminels français. Pour Bachir Ben Barka, les responsabilités sont plus larges. «Il est avéré que les services israéliens sont impliqués dans la disparition, que les services français et américains ont eu connaissance en amont», déclare-t-il, fermement convaincu que son père a été victime d’un complot.
Il dénonce l’attentisme des autorités françaises et marocaines. «Je pense qu’ils attendent que tous les témoins soient morts», déplore-t-il, dénonçant également «la mascarade» de l’État français après la déclassification de documents déjà présents au dossier.
Sur les cinq mandats d’arrêt émis en 2007, seuls deux sont encore valides. Trois des suspects sont décédés. L’un d’eux est le général Hosni Benslimane, l’autre Miloud Tounsi, alias Larbi Chtouki.
Pour l’avocate de la famille, Me Marie Dosé, le temps peut jouer en faveur de la vérité. «Des témoins peuvent oser parler, des dossiers être déclassifiés», avance-t-elle, avec pessimisme.