Le tribunal de première instance de Rabat a condamné, mercredi 3 septembre, la militante féministe Ibtissame Lachgar à 30 mois de prison ferme et à une amende de 50 000 dirhams pour «atteinte à l’islam». La décision intervient après la publication, sur les réseaux sociaux, d’une photo où elle apparaissait vêtue d’un t-shirt portant le mot «Allah» suivi de la phrase «is lesbian».
Âgée de 50 ans, psychologue clinicienne et militante pour les libertés individuelles, Lachgar a nié toute intention de blasphémer. Elle a expliqué que le slogan incriminé s’inscrivait dans une campagne féministe internationale contre les violences sexistes et qu’il ne visait pas la religion musulmane. Selon sa défense, la photo avait déjà circulé à l’étranger, notamment à Londres en mai 2025, sans susciter de réactions.
Ses avocats, dont Me Mohamed Khattab, ont annoncé leur intention de faire appel et envisagent de recourir à la loi sur les peines alternatives, soulignant la fragilité de l’état de santé de leur cliente, atteinte d’un cancer et incarcérée depuis le 12 août à la prison d’El Arjat.
L’Association marocaine des droits humains (AMDH) a dénoncé un «procès politique» et une «atteinte à la liberté d’expression».
Ibtissame (Betty) Lachgar, cofondatrice du Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), est connue pour ses prises de position radicales sur les droits des femmes et des minorités. Par le passé, son militantisme lui a déjà valu plusieurs confrontations avec les autorités, sans jamais aboutir à une condamnation aussi lourde.