Driss Bouhaja, président de l’Association d’amitié franco-marocaine de Béziers, connaissait la victime et une partie de sa famille. « On le dit beaucoup, mais ce n’est pas exagéré, Mohammed était un brave monsieur », témoigne-t-il auprès de Midi Libre, la voix nouée. Travailleur discret, tailleur de vigne réputé, Mohammed Idrissi était originaire de Taourirt, au Maroc, et vivait en France depuis 25 ans. Il alternait séjours en France pour le travail et retours au Maroc pour voir sa famille. « Il était à l’image de sa ville natale, calme, chaleureux… », se souvient Driss Bouhaja.
Mohammed Idrissi avait confié à son frère et à sa famille se sentir menacé par sa voisine. « Inconsciemment, quand quelqu’un se rapproche de la mort il dit au revoir aux siens, sans s’en rendre compte », analyse Driss Bouhaja. « Et il a dit à son frère : “S’il m’arrive quoi que ce soit de grave, ne cherchez pas, ce sera ma voisine.’ » Mohammed Idrissi avait déposé plainte et devait déménager le jour même du drame.
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Face à la colère de la communauté marocaine de Béziers, Driss Bouhaja a appelé au calme et à laisser la justice suivre son cours. « J’ai beaucoup parlé parce que cela a été très mal vécu par la communauté », explique-t-il. « J’ai expliqué qu’il ne fallait pas céder à la colère. Qu’il ne fallait pas juger, car la justice était là pour ça. » Il exprime également de la compassion pour la fille de la suspecte, qui va grandir sans sa mère.
Driss Bouhaja regrette que les autres habitants de l’immeuble n’aient pas soutenu Mohammed Idrissi face à sa voisine. Il déplore également que la plainte déposée par la victime soit restée sans effet. « Comment ont-ils pu, tous ensemble, avoir eu peur d’une seule femme ? Je me pose beaucoup de questions », confie-t-il.
La marche de ce dimanche sera un hommage à Mohammed Idrissi et un message de paix. « La haine rend incroyablement bête », souligne Driss Bouhaja. « C’est ce qui est arrivé pour cette femme. Elle s’est acharnée sur Mohammed, car il avait déposé plainte contre elle. Elle n’a pas compris qu’elle devait s’arrêter. Personne ne naît avec un couteau à la main. Elle n’a pas su se contrôler. C’est cette haine qui l’a poussée à agir. Nous ne voyons rien d’autre. Comme souvent, dans notre société, réflexion et dialogue ont manqué. Tout ceci est bien dommage. Deux familles souffrent aujourd’hui. Et je ne compte pas les amis. »
Le cortège partira de la sous-préfecture à 14h et se dirigera vers l’avenue Clemenceau puis les allées Paul-Riquet. Un arrêt est prévu devant l’immeuble où vivait Mohammed Idrissi pour une prière.